Journal de Bottes

Déracinement de (veli)bobos parisiens rempotés en pleine nature (la suite).

jeudi 26 mai 2022, 22:12

J1 bis et ter - Gien

Mercredi. Lever difficile d'Antoine, dont le dos est plus douloureux qu'hier. Une fois levé, il marche à peine 10 m et paf... tombe au sol. Une fois assis à la table de pique nique voisine, je vais voir à l'accueil ce qu'on peut faire - pendant ce temps, des voisins campers néerlandais ont pitié de lui et lui fournissent une chaise de camping bien plus confortable !

À l'accueil, je réserve deux nuits supplémentaire au camping, cette fois-ci en mobile home - ça sale salement le budget vacances... et je récupère des médocs hyper violents de la part du gérant, un habitué du mal de dos. Il me donne les numéros de téléphone des ostéopathes du coin, et je fais des tentatives de rdv auprès de 3 d'entre eux... les deux premiers sont complets, je laisse un message à la 3e. Elle rappelle vers midi... et nous propose de venir en début d'après-midi, avant les consultations. Pour arriver à temps sans prendre un taxi, on s'y rend en vélo - un pari risqué ! Quelques manipulations, quelques conseils, et nous voilà repartis : le retour est plus tranquille... il se fera essentiellement à pied après qu'Antoine ait quasi chuté à vélo par manque de lucidité, à cause des médicaments trop puissants.

À la même pharmacie, cette fois-ci nous nous fournissons en Doliprane 500, histoire de gérer beaucoup plus finement le shoot anti-douleur... La journée se passe ensuite entre sieste, étirements, massages, et courses au supermarché de l'autre côté. Nous profitons du mobile home pour se faire une popotte à base de chipos : c'est quand même un peu les vacances !

Jeudi. Lever à peine mieux, mais mieux quand même ! Nous passons à nouveau la journée à marcher, s'étirer, cuisiner, siester, ... Les vélos attendent sagement leur tour : la situation s'améliore doucement mais reste tendue. Demain, nous tenterons un redémarrage en douceur.

O km !

Budget :

  • 2 nuits en mobil home 126 €
  • ostéopathe 55 €
  • supermarché 16 €
  • pharma 2 €
mardi 24 mai 2022, 22:12

J1 - Gien

Mardi. C'est aujourd'hui que commence l'épopée ! Nous partons de chez la Mamma, direction le sud : c'est la première fois que je traverse le pont Thinat en vélo... Sitôt passé, sitôt on opère quelques réglages sur la position des saccoches d'Antoine. Suivent ensuite 8 km d'espace de loisirs : le tracé longe l'île Charlemagne, tout près de la Loire. Nous poursuivons sur la levée, et aux alentours du 15e km nous voici à Sandillon, puis bientôt Jargeau (face à Saint Denis de l'Hôtel) - autant de noms de bleds que je connais sans y avoir jamais vraiment mis les pieds.

Vers le 32e km, nous sommes à Châteauneuf sur Loire : des travaux le long des quais, nous poussent à prendre une déviation. Le manque d'indications nous fait prendre un sentier en montée vers un quartier résidentiel, et nous redescendons finalement par la rue Creuse : nous retrouvons la Loire. Nous ajoutons un petit détour, et 5km plus loin nous nous installons à Germiny des Prés pour manger : juste derrière l'église nous y trouvons une table ombragée. Au moment de descendre de vélo, Antoine s'aperçoit qu'il a mal au dos ! Avant de reprendre la route, nous visitons l'église...

Germiny des prés

Germiny des prés - Choeur

Germiny des prés - La Loire

A 44 km, nous dépassons St Benoît sans visiter ni trop nous attarder : nous pourrons faire étape au retour - en attendant, une pause s'impose pour soulager le dos d'Antoine, qui dérouille. A 52 km nous arrivons sur St Père s/Loire, où nous prenons une nouvelle pause près du camping, au soleil. Nous y rencontrons un couple d'anciens, des randonneurs du site lerandonneur.eu : il viennent participer à l'AG de l'association qui se tient à Briare.

Sully s/Loire

Nous traversons la Loire vers Sully situé juste en face, mais aujourd'hui nous ne faisons qu'un passage rapide car il nous reste 30 km à couvrir sous la chaleur. La montée vers St Florent nous donne envie d'y prendre une pause sur un des bancs placé face au petit lac... Dans la redescente vers St Gondon, nous croisons deux cyclo-rando qui ont creuvé - c'est la 3e fois aujourd'hui nous disent-ils !

Gien

Avec un peu plus de 80 km au compteur, nous arrivons au camping de Gien. La zone réservée aux itinérants est située au plus près du lit de la Loire et de la vue, c'est chic de leur part, d'autant plus que c'est agrémenté de quelques tables de pic nic. Après une douche bien chaude (bonus flomard !) nous commençons par une petite marche près de la Loire jusqu'à la pharmacie située de l'autre côté du pont, en espérant que des massages à l'huile d'arnica fasse passer les douleurs de dos d'Antoine. Nous enchaînons par le restaurant italien du camping, dont on nous a fait les louages - mais finalement nous le trouvons très "bof", très français en fait malgré les serveurs (et sans doute un cuistot) italiens... rien à faire, on ne peut pas bien cuisiner italien avec des produits français - nous sommes déçus.

83 km en 5h00

Budget :

  • pharma 13,50 €
  • Camping 15,60
  • Resto italien du camping 40
dimanche 22 mai 2022, 10:12

La loire à vélo

Dimanche. Départ pour Orléans en Partner.
Lundi tranquille, d'autant que la météo est à l'orage.

mercredi 8 sept. 2021, 21:17

Pointe de Pen-Hir

Mercredi. Dernière journée à Crozon : ça y est, le temps a tourné. Il ne pleut pas encore, mais on sent bien que ça ne va pas trop tarder ! Nous remballons au sec, prenons notre petit déjeuner et payons.

Juste à côté de Camaret, notre premier arrêt est à la pointe de Pen Hir : nous n'allons quand même pas partir sans jeter un petit coup d'oeil aux tas de pois.

Tas de pois

Le soleil est un peu timide et les nuages présents, mais pour l'instant ça se maintient. Que faire ? Nous n'avons pas vraiment envie de partir, mais il est hors de question de rester et de dormir ici sous la pluie. Nous décidons de faire un petit détour en rade de Brest, histoire d'avoir un autre point de vue. Nous rejoignons Le Faou, et continuons sur des routes de plus en plus petites. Après avoir dépassé Logonna-Daoulas, nous arrivons à la pointe du Bindy. Un parking (squatté par quelques caristes et campers) nous tend les bras.

Pointe du Bindy

Ici les eaux sont calmes. Nous suivons un peu le GR, puis revenons - un couple se baigne dans les eaux verdâtres, et deux pêcheurs cherchent des vers. Nous prenons notre déjeuner bien installés sur une table de l'aire aménagée du parking.

Pointe du Bindy

Cette fois-ci nous sommes prêts à partir. Le retour se fait par Daoulas, Saint Urbain, et via une belle petite route à travers une forêt, Landerneau. De là, il ne reste plus qu'à rejoindre la N12 - la 4 voies nous ramène rapidement à la maison.

mardi 7 sept. 2021, 21:17

Pointe des espagnols

Mardi. Dernière journée complète sur la presqu'île : la météo nous promet que demain sera moins beau. À vrai dire, c'est malheureusement déjà le cas : où sont les 30° d'hier ? Même si le ciel est toujours clément, la température estivale s'est déjà envolée.

Aujourd'hui nous prévoyons de marcher sur la côte nord de Crozon : la pointe des espagnols. Nous quittons donc Camaret par le nord, passons la plage de Trez Rouz, et nous garons à l'ilot du Diable. Nous nous équipons légèrement : il est encore tôt, et nous comptons revenir à la voiture avant l'heure du déjeuner.

Le sentier commence par descendre vers une petite crique ouverte par l'arrivée d'un simple ruisseau, et remonte bien sûr aussitôt. Il débouche alors directement sur un vieux fort dont il ne semble rester que les enceintes en ruine - le fort de la Fraternité. Quel nom étrange pour un bâtiment militaire... mais, tiens, il y a des gens qui travaillent, là dedans ! Nous nous approchons d'une bâtisse au toit en pierres. Quelques personnes qui ne semblent pas être du métier - leur tenue est trop désinvolte, et leurs cheveux peut-être un peu trop grisonnants ? - s'activent ici, qui sur le toit, qui perché sur une échelle, à gratter les parois ou refaire les joints des pierres.

L'un d'eux nous interpelle, nous approchons : c'est une association locale, essentiellement des retraités, qui tente de maintenir dans un état de conservation correct le site. On nous explique qu'il s'agit d'un fort érigé pendant la révolution - d'où le nom étrange ! - qui bien que non usité depuis longtemps, n'est entièrement abandonné que depuis 1920. L'armée ne l'entretenait plus, et l'a cédé il y a peu : il fait maintenant partie du patrimoine... mais ne fait pas plus l'objet d'attention de la part des organismes civils. L'association lutte contre la végétation envahissante, et tente de préserver la seule bâtisse encore debout dans ce fort : la poudrière.

Après ces quelques échanges, nous continuons notre chemin. Rapidement, nous arrivons à un autre site militaire jusqu'à présent fermé au public : le fort des Capucins. Depuis peu, son accès est libre - mais pas encore sécurisé ni facilité. L'attrait de visiter un lieu abandonné nous titille, et le fait de voir que quelques personnes y sont effectivement descendues nous décide à y faire un tour.

Fort des Capucins

La descente se fait par un accès rocheux pentu que je n'emprunterais pour rien au monde par temps pluvieux, tant la roche s'avère usée et glissante par endroits. Après une dizaine de mètres un peu périlleux, le chemin se fait plus facile et débouche sur un terre-plein intermédiaire. De là, deux volées d'escaliers nous amènent au pont qui relie l'île à la terre. Les parapets manquent, et pour me rassurer je marche exactement au milieu de la large voie pavée - j'ai toujours eu un petit vertige.

L'accès au fort est clairement interdit - de tout petits panneaux indique que c'est dangereux, risque de chutes de pierres, tout ça. Qu'importe, il n'y a pas de barrière et des gens sont déjà passés. La principale mesure, c'est que l'accès n'est surtout pas facilité : il faut passer sur un murret qui passe au-dessus d'une sorte de mini-tranchée. Il y a peut-être 1,50 m de profondeur, mais c'est sufffisant pour m'empêcher d'avancer les pieds. Je finis par m'accroupir, et voilà.

Juste à côté de l'accès, on peut descendre sous terre : au fort de la fraternité, on nous a expliqué que cela a été réalisé sur le tard, pour placer les canons au niveau des cuirassiers. Avant, les boulets étaient lancés chauds et en l'air, l'objectif était d'enflammer les bâteaux. Une fois les bâteaux recouverts de métal, les canons devaient faire feu à l'horizontal pour transpercer la cuirasse.

L'escalier du fort

En bas, il ne reste rien - seulement l'emplacement des canons. Nous remontons ; dehors, un hangard a été joliment tagué, comme tous les bunkers des alentours.

Tag

Après un tour de la petite île et ses vues magnifiques, nous remontons - cette fois-ci, en suivant un sentier correctement tracé dans les taillis. Nous continuons ensuite un peu notre randonnée, jusqu'à la pointe de Cornouaille, et retournons.

La vue vers Brest

Nous reprenons Partner, et prenons la route de la Fraternité : une route plein ouest qui rejoint la côte ouest de la pointe. Nous avions visé une aire de pic nic coincée entre la rade et un étang, mais elle était en plein soleil. Nous remontons jusqu'à Roscanvel où nous trouvons notre bonheur en plein centre : un espace vert ombragé avec des tables.

Nous poursuivons ensuite jusqu'à la pointe des Espagnols, et restons là un certain temps à admirer Brest - non pas que la ville soit belle, mais de loin elle fait belle figure dans le panorama sur son goulet éponyme.

La pointe des Espagnols

Comme nous redescendons maintenant vers le sud de la presqu'île, nous faisons étape au camping... pour des raisons de commodité : pas besoin de chercher plus loin des wtoilettes ! Je croise sur mon chemin un jeune randonneur qui est en train de planter sa MSR - et comme ces tentes sont rares, je ne peux pas m'empêcher d'engager la conversation. Pas de bol, c'est un emprunt, et c'est la première fois qu'il la plante - d'ailleurs, ça se voit, elle est mal tendue.

Nous poursuivons la journée avec en tête l'idée d'une baignade - malgré une météo moins estivale que la veille. La plage de Kerloc'h, placée juste à côté de la route, ne me fait pas envie. La plage de Kersiguénou alors ? oui et non... Finalement nous allons nous garer plage du Goullien. Cependant qu'on se le dise : elles sont toutes les trois reliées à marée basse. Cependant à marée haute, les trois sont séparées par des roches - et même par une falaise entre Kerloc'h et Kersiguénou.

Nous marchons les 2 km de la double plage Kersiguén-Goulien, poussés (assez fortement) par le vent qui fait courrir le sable et les véliplanchistes. Quelques bécasseaux sanderling - ces petits oiseaux rigolos qui cherchent des vers de sable - nous devancent parfois et s'envolent dès que nous les approchons trop.

Arrivés au bout de la plage, c'est l'endroit idéal pour une baignade : l'eau est vraiment bonne. Inutile de sécher sur le sable, le vent s'en chargera sur le trajet du retour. D'ailleurs, nous sommes partis à temps pour passer tranquillement la barrière rocheuse... quinze minutes de plus et ce n'était pas être plus la même histoire.

La journée se termine : quelques courses au Lidl, retour au camping, douche... nous avons presque pris nos habitudes, et nous allons manger comme les deux soirs précédents face à l'océan. Cependant ce soir la soirée est bien plus fraîche. Pire : cette nuit, le camping est bruyant. Sur notre gauche, plusieurs voisins proches se lèvent plusieurs fois dans la nuit pour aller aux blocs sanitaires - quel ram dam, les portes des campers ! Et sur notre droite, une jeune femme a planté sa mini tente une place à seulement 2 m de nous : on l'entend se retourner sur son matelas comme si elle dormait avec nous ! Et visiblement elle a mal dormi... nous aussi !

lundi 6 sept. 2021, 21:17

Morgat

Lundi. Nous avons beau nous être couchés comme des poules la veille, nous sommes assez confortablement installés dans notre tente pour faire les paresseux ce matin. Il est bientôt 9h quand nous finissons par nous lever et petit-déjeuner.

Aujourd'hui, direction Morgat. Une fois arrivés au centre, nous trouvons facilement de quoi nous garer au plus près de la plage. Le sentier s'éloigne de la côte et s'engage dans une pinède. Nous progressons à l'ombre - ce qui n'est pas plus mal car il est 10h passés et le soleil chauffe déjà comme en été aujourd'hui.

Nous longeons bientôt les ruines de bâtiments militaires : le fort du Kador. À partir de là, le sentier fait des hauts et des bas, mais la vue vaut le détour. Ça rappelle plus la méditerranée que l'atlantique, plus la Croatie que la Bretagne, mais après tout, nous n'avons rien contre un peu de dépaysement !

Pinède

Nous rejoignons la pointe de l'île Vierge. Un plaisancier a jeté l'ancre, et quelques kayaks se sont installés sur la grève en contre bas, mais nous ne descendrons pas - l'accès est signalé comme dangereux et interdit.

Ile Vierge

Il est près de midi, il est temps de penser à faire demi-tour. Plutôt que de revenir sur nos pas, nous préférons varier en une petite boucle même s'il faut s'éloigner un peu de la vue sur la baie. Nous suivons une route gravillonnée en plein soleil quelques temps, puis retrouvons un sentier et le couvert des arbres. En chemin, nous repérons quelques ruches qui semblent se porter à merveille - vu le nombre de fleurs à butiner dans la lande, on comprend que l'endroit est idylique pour ces abeilles. Nous passons aussi près d'un cercle de vieilles caillasses - je découvre tardivement qu'elles ont un nom : les alignements De Ty Ar C'huré.

Revenus à Morgat, il commence à faire faim ! Nous reprenons la voiture et roulons en direction du Cap de la Chèvre : c'est à Saint Hernot que nous trouvons une table de pic nic. Grand luxe : elle est à l'ombre ! Aujourd'hui, c'est appréciable et apprécié. Après avoir grignotté un peu de cake, nous poursuivons jusqu'au Cap. De là, nous randonnons à nouveau sur un plus petit parcours - peut-être 5 ou 6 km.

Cap de la Chèvre - vue vers la plage de la Palue

La lumière est crue. Une petite brise chaude souffle sans rafraîchir. Les quelques promeneurs sont à la peine. Assis sur le sol, un homme se repose à l'ombre du seul arbuste dans cette lande de bruyères qui s'étend tout le long de la côte. Côté est, après avoir traversé le village de Rostudel, quelques murets rappellent qu'il y avait de la vie ici, avant - pas seulement un joli village momifié et ses touristes. La baie de Douarnenez s'étend sous nos yeux, et le temps clair nous laisse même deviner la pointe du Raz au loin.

De retour à la voiture, nous avons bien gagné une pause. L'eau qui nous reste est chaude... Il est temps d'aller faire des courses. Direction Morgat, puis Crozon, que nous remontons jusqu'à trouver le Lidl - et nous revoilà parti pour le tour des Lidl de France (NDLR : voir notre rando-vélo de juin). De quoi manger ce soir et demain, mais aussi de quoi se rafraîchir dès maintenant : nous ressortons avec des glaces ! Vu la chaleur, il ne faut pas traîner pour les manger. La prochaine étape est donc la plage la plus accessible : celle Postolonec.

Tout comme hier à la même heure, la mer est toujours aussi haute, et cette minuscule plage d'autant plus réduite. Malgré le tout petit accès à la mer, de nombreux téméraires sont dans l'eau. Nous garons Partner, et snobons les nombreuses tables de pic nic, toutes en plein soleil, pour nous installer près de deux retraités assis sur un simple rebord en pierres près de la route. Pas glamour, mais... à l'ombre !

Après quelques politesses, la dame nous demande où nous avons trouvé des glaces - comme le Lidl est bien trop loin pour eux qui sont à pied et qui ont déjà marché toute la journée, je leur propose de taper dans notre stock et Mme accepte. Monsieur n'est pas très sucre, mais nous fait voir sur son portable les images de l'actualité du jour : une météorite est tombée sur le Finistère ! Hier soir vers 23h30, elle est même passée au-dessus de Crozon. Son passage a illuminé le ciel pendant quelques secondes. Incroyable... et non, nous n'avons rien vu, nous dormions. Quoique ? Antoine a l'entendu passer - comme une explosion - mais ne savait pas ce que signifiait ce bruit.

Les glaces finies, nous reprenons un peu la route : je compte bien me baigner, mais pas ici. Direction la plage suivante, via des petites routes tortueuses : la plage de l'Aber. Le parking est vaste, et assez plein - même si on devine qu'il peut doubler voir tripler de taille en saison. Avec la marée haute, il ne reste que des galets pour s'installer. Je gromelle un peu, l'accès à l'eau ne semble pas évident. Nous nous déplaçons et nous nous éloignons un peu avant de placer nos affaires à un endroit où il reste encore une langue de sable pour entrer dans l'eau - histoire de pas se fouler une cheville bêtement.

L'eau n'est pas froid mais malgré tout bien fraîche au début... avant qu'on ne s'y habitue et qu'on s'y sente comme des poissons dans l'eau. Un groupe d'une trentaine de gamins débarquent en kayak en provenance de l'île de l'Aber, et s'approchent de la plage : c'est la fin de la balade. Ils débarquent deux par deux sur la plage, remontent les embarcations jusqu'à la remorque, et retournent bruyamment se baigner et se pouiller dans l'eau - la jeunesse met de l'animation sur cette plage fréquentée jusqu'ici surtout par des retraités et de mamans accompagnées de leurs jeunes enfants.

Après une deuxième baignade, nous finissons par plier bagages. Retour à Camaret et au camping pour une douche. Comme hier, nous allons manger face à l'océan. En bonus, ce soir il fait doux, et aucun nuage ne vient contrarier la rencontre du soleil avec la mer...

Soleil couchant à la pointe du Toulinguet

dimanche 5 sept. 2021, 21:17

Camaret sur mer

Dimanche. Hier, Cécile me dit sur Signal qu'elle va bientôt aller 5 jours à Crozon. « Vous êtes sûrement déjà allés, vous avez aimé ? »

Justement. Bien sûr, j'y suis déjà allée. Il y a 1000 ans, quand j'étudiais à Brest. Et en juin, on devait y passer lors de notre rando-vélo du ”Quart Tro Breizh”. Mais justement. Il faisait tempête, et nous avions coupé directement de Landévennec à Pentrez. De Crozon, nous n'avions rien vu.

Ça, c'était samedi. Ça nous a travaillé une heure ou deux. Et puis ça nous a pris : nous allions voir Crozon. Nous partirions demain ! C'est à dire : aujourd'hui. Et voilà : nous avons jeté quelques fringues dans un sac, dans un autre la tente, les duvets, les matelas, placé dans un carton un peu de cuisine et de provisions, ajouté à cela les incontournables - lunettes et crème solaires, citronelle au cas où, les brosses à dents et les serviettes de toilette, ... et voilà. À 11 heures, nous étions parti !

Pour la route, nous avons filé droit vers St Brieuc, mangé du côté de Guingamp, et décroché de la 4 voies un peu tardivement, vers Landivisiau - ça commençait bien, nous n'avions pas préparé de plan de route, et nous avons loupé la sortie qui nous intéressait. Contre toute attente, notre trajectoire nous a conduit à la Roche-Maurice, charmant bourg avec un château en ruines juché sur une grande caillasse, puis nous a passer par des dénivelés conséquents pour la région - je n'avais pas idée que ça puisse monter autant : c'est mieux de le savoir avant de s'aventurer par ici en vélo !

Nous avons continué vers Sizun, puis sommes passés par St Éloy - l'occasion de chantonner « Le bon roi Dagobert a mis sa culotte à l'envers ; Le grand saint Éloi lui dit : Ô mon roi ! Votre Majesté est mal culottée. C'est vrai, lui dit le roi, je vais la remettre à l'endroit. » Cependant, si vous regardez la carte, nous n'aurions jamais du passer par St Éloy : le village est situé sur une minuscule départementale, qui n'admet qu'un trafic très local. Alors ? C'est qu'une déviation nous a rallongé le chemin. Nous nous sommes trouvés à sillonner les petites routes - tiens, un tracé parfait à faire en vélo, surtout les descentes.

Nous avons fini par remonter sur la N165 juste le temps de s'approcher du Faou, et de sortir pour la route de Crozon : tiens, a deja vu... Nous avons suivi la route que nous avions prise avec Étienne lors de cette étape épique Carhaix-Landévennec. Sauf que cette fois-ci, nous avons pu profiter de la vue depuis le pont de Térénez (il faut dire que la dernière fois il pleuvait).

Suite à quoi nous avons filé sur Crozon - noté au passage qu'il y avait un Lidl et un énorme Leclerc pour les prochaines courses - et continué vers Camaret. À deux kilomètres de notre but, nous avons eu la surprise de frôler la mer tout en restant sur la route : à Kerloc'h, la route longe la plage... Et en ce dimanche de début septembre, les plagistes étaient encore nombreux.

À Camaret, nous avons simplement suivi les indications « Camping municipal ». Juste à côté, le stade de foot rassemblait de nombreux spectateurs, dont les voitures envahissaient toutes les places dispobibles alentour. Il était un peu plus de 15h, largement assez tôt pour passer à l'accueil et obtenir toutes les indications nécessaires pour s'installer sur un emplacement libre.

Nous avons garé partner pas trop loin des haies, et planté la tente dans un espace encore assez dégagé. La zone était visiblement réservée aux campeurs de passages, pour la plupart pétro-nomades. Nous avons malgré tout dénombré une petite dizaine de tentes, ce qui n'est pas bénin de nos jours. Ici, on campe encore !

Une fois installés, nous avons tout simplement marché le long de l'océan au départ du camping. Au vu de sa localisation, rien de plus simple : traverser le camping, puis la route, et voilà : un sentier s'enfonce dans la lande. Deux cent mètres plus loin s'ouvre le panorama sur l'océan. Encore deux cent mètres et c'est la plage de Pen Hat...

La mer était haute, et la plage réduite à sa plus simple expression - et malgré tout, ils étaient nombreux à s'y prélasser au soleil. Nous avons poursuivi vers l'ouest, et grimpé vers la pointe du Toulinguet. Malheureusement, la pointe elle-même est un terrain militaire interdit d'accès.

Pointe du Toulinguet

Un petit fort se dresse devant des murailles, et de l'autre côté un sentier traverse les landes multicolores.

Les landes près de Camaret

La plage de Porzh Naye en contre bas, nous admirons du haut des falaises cette petite baie qu'un plaisancier a déjà choisit pour passer la nuit.

Porzh Naye

Pour rejoindre la pointe du Grand Grouin, il faut serpenter entre les vestiges des défenses allemandes du mur de l'atlantique et les cratères qu'ont du laissé les obus des alliés - ils ont beau être recouverts de lande, le paysage en est un peu chamboulé. Quand le sentier repique vers l'est et Camaret, il permet de rejoindre le corps de garde : le fort de Camaret-sur-Mer, qui précédait celui de la dernière guerre mondiale. Nous comprenons rapidement que toute la presqu'île est un territoire depuis longtemps militarisé.

Arrivés à Camaret, nous remontons vers le camping. C'est l'heure de la douche, et l'eau est chaude : un vrai bonheur. Nous préparons notre pic nic, et reprenons le chemin de l'océan : nous nous installons sur un banc face à la mer, vue sur Porzh Naye. Le soleil prend son temps pour descendre, nous avons nous-même le temps de marcher un peu et de changer de banc avant de le voir s'éclipser derrière la pointe du Toulinguet.

Retour au camping. Nous avons quelques voisins, surtout des étrangers. Suisses allemands de Zurich et autrichiens se remarquent à la qualité de leurs véhicules - de rutilants VW. Les belges jouent une catégorie en dessous, et quant aux français... ils sont plus nombreux à jouer la débrouillardise comme nous qu'à faire flamber le compte bancaire pour s'équiper.

Nous nous couchons avant qu'il ne fasse trop sombre. Le camping est très calme, et les petits lumignons éclairent si peu que depuis l'intérieur de la tente j'ai l'impression qu'aucune lumière ne vient troubler la nuit.

dimanche 20 juin 2021, 21:17

Vélodyssée - TER power

Il n'est pas encore 6h, le réveil n'a pas encore sonné, mais nous sommes déjà réveillés - c'est dire comme nous sommes motivés pour partir ! Duvets, matelas, tente, barda, tout est plié et rangé en 40 minutes - tous les records battus, il faut dire que la veille nous avions déjà rangé les sacs Vaude qui ne servent pas si on ne petit-déjeune pas. Une organisation quasi militaire !

Bientôt 7h00 et nous sommes prêts à partir. Direction la sortie et... le portail est fermé. C'est la première fois que nous voyons un camping où même l'accès piéton est clos d'une porte à code - il faut dire que forcément, si les gérants ne gèrent pas le camping de 17h30 à 9h30, j'imagine qu'ils compensent par un excès de sécurité. Au passage, je me demande comment interviennent les pompiers si quelqu'un fait un malaise ?... Ça doit être ça, le numéro de téléphone « urgence sanitaire » épinglé à l'accueil. Ne déranger que si quelqu'un va vraiment mal, merci !

Bon, c'est pas tout ça, mais notre train est à 9h00 : nous n'avons pas attendre bêtement. Un de nos voisins était réveillé quand nous sommes partis, le plus simple est de lui demander le code. En chemin, je vois cependant que la randonneuse est elle aussi réveillée, elle se prépare un café ! C'est donc plutôt à elle que je m'adresse. Elle s'étonne de nous voir si matinaux - c'est vrai que pour une fois on a fait plus fort que tous les « pros » ! - et je lui réponds qu'elle nous a donné l'idée qu'on pouvait aller aujourd'hui directement à Nantes sans suivre tout le tracé prévu précédemment, sous entendu : on y va en vélo... j'ai pas le courage de lui dire qu'en fait, on n'a même pas envie de se prendre les 2 ou 3 averses prévues aujourd'hui si on couvrait ces 85 km à vélo plutôt qu'en train.

En revenant au portail, un homme assis dans sa voiture et bloqué derrière une barrière me fait signe : à quelle heure ça ouvre !? Je l'informe que sur l'autre barrière, il y a un panneau « Ouverture 7h30 ». Je lui demande s'il a le bon code ? Et je lui réponds « oui c'est bien ça, j'ai bien le même ! » - comme quoi, rien de plus facile pour l'obtenir... Plutôt que d'attendre bêtement devant la barrière 30 minutes de plus, il retourne garer sa voiture à son emplacement... Pendant que nous, hop, nous passons le portail piétons à l'aide du code. La gare, nous voilà ! D'abord, acheter le billet de train, puis trouver un endroit avec banc et vue pour le petit déjeuner - nous nous installons sur le Quai Gorin.

Pour être sûrs d'avoir une place pour nos deux vélos, nous arrivons sur le quai avec beaucoup d'avance - mais même si une trentaine de passager se presse bientôt autour de nous, nous sommes les seuls intéressés par l'espace vélos. À l'approche de l'heure de départ, le conducteur démarre la loco mais n'ouvre toujours pas les portes... problème technique ! Le temps de quelques vérifications, et le chef de gare nous fait changer de train - le départ est retardé de trente minutes, mais le plus important : c'est qu'on part !

En chemin, un 3e vélo se joint à nous (c'est une idée ou il a une massue en plastique dans son barda ?...), et dans le train en sens inverse, nous avons le temps d'en repérer deux autres, puis encore deux véloteurs à la gare de Nantes, en attente d'un prochain départ. Il ne nous reste plus qu'à atteindre Chantenay, à moins de 30 minutes... mais on n'a pas fait 5 minutes de vélo qu'une bonne averse nous ceuille et nous trempe ! Motivés par l'idée qu'on sera bientôt au sec dans Partner, nous poursuivons... Les cyclables sont correctes et bien indiquées, et comme nous sommes dimanche la circulation est très faible : nous arrivons facilement à Chantenay, puis suivons tous les panneaux « gare » et arrivons sur le parking sans avoir trop souvent dégainé l'application. Partner nous attend bien sagement, quel plaisir de le revoir !

En quelques minutes, nous détachons les sacoches et embarquons les vélos, changeons de fringues pour des affaires sèches - quel bonheur ! -, et démarrons pour aller chercher à manger... 500 m plus loin, au Lidl du coin. Et là, on se dit qu'on est vraiment en ville : le parking est protégé d'une barrière automatique, et un vigile surveille les caisses. On n'avait pas vu ça de tout notre périple... On prend de quoi grignotter sur la route et cuisiner ce soir, et voilà : les vacances sont officiellement finies !

Les stats !

> Étape Saint-Hilaire-de-Riez - Saint-Gilles-Croix-de-Vie -> Nantes - Chantenay 
> 14 km en 1h05 (soit 13 km/h)

Épilogue

Nous avions choisi de faire la vélodyssée pour deux raisons : voir des amis, et suivre un itinéraire facile à vivre : avec des campings et des services partout, beaucoup de plat, une trace à priori bien signalée... Et il n'y a aucun doute : c'était bien le cas. Par contre, l'envers du décor, c'est que sur la partie parcourue (qui s'arrête donc juste avant les zones les plus intéressantes touristiquement...), nous avons trouvé que les paysages étaient monotones - en particulier les forêts des landes et leurs plages infinies. Pas grand chose à visiter, avec cependant une mention spéciale pour Royan, Rochefort et Fouras.

Puisque c'était un beau projet... et qu'un beau projet ne se finit pas... nous ne sommes pas déçus de ne pas avoir bouclé la boucle : il faudra revenir, voilà tout, pour découvrir Noirmoutier et les ces zones côtières nantaises.

Au total, nous aurons roulé près de 1000 km - et ce n'était pas prévu qu'on fasse autant en s'arrêtant avant ! Mais entre le gpx et les kilomètres parcourus, il y a le prévu, et le réel - les détours, les erreurs, les courses, ... et les journées qui jouent les prolongations - de l'importance de bien valider l'hébergement ! Surtout depuis que nous avons découvert que certains campings n'acceptent plus les campeurs sans « camper »... Devra-t-on bientôt bivouaquer pour planter sa tente ?

Enfin, la météo commencé par du très chaud - plus de 30° C et grand soleil pour les 10 premiers jours - et s'est dégradée peu à peu pour devenir soit couverte soit orageuse. C'est elle qui nous a décidé à écourter le périple, et comme les averses se sont effectivement succédées les jours suivant, nous n'avons pas regreté. Par contre, nous avons eu presque immédiatement envie de repartir...

> Total : 1007 km en 65 heures (soit 15,5 km/h en moyenne)

> coût aller (loc, péages, carburant) : 452 €
> coût préparation des vélos : 189 €
> coût retour : 472 € (soit 40-45 €/jour)
> coût total : 1113 € pour 16 jours de vacances (dont 13 vélotés)
samedi 19 juin 2021, 21:17

Vélodyssée - La saucée

Nous partons résolument de bonne humeur - même si visiblement, la météo elle n'est pas au beau fixe : le ciel amasse les nuages, et semble promettre tôt ou tard que ça pètera un bon coup. En attendant, nous avons tout plié bien sec, et sommes partis plutôt efficaces en ce début de journée. Nous passons pas le centre, et commençons par un détour bonus : nous rendons une petite visite à l'abbaye de Lieu Dieu, jolie mais visiblement à l'abandon depuis trop d'année. Un peu plus bas, Antoine reconnaît la maison de vacances de sa jeunesse - c'est à la fois pareil, et différent... Puis un dernier détour nous amène à Ragounite, une plage pleine de souvenirs.

Lieu Dieu

Ragou

Nous sortons de Jard par les marais, que nous longeons ou traversons sur une petite dizaine de kilomètres : le temps est accordé aux étendues humides et s'il ne pleut pas encore, la promesse est toujours dans l'air. C'est en passant Port Bourgenay qu'elle se concrétise... Le long d'un rond point, un étrange espace vert comme à moitié oublié de la civilisation, nous offre un banc à l'abri de quelques arbres. C'est sous ce couvert et sous kway, que nous prenons la pause calorique du matin.

Les marais

Il ne manque que quelques kilomètres et nous rejoignons le bord de mer à la baie de Cayola, l'endroit est très joli, mais il marque surtout l'accélération de la pluie : nous sommes trempés, sans rien pour se mettre à l'abri. Nous allons parcourir toute l'approche des Sables d'Olonne sous les nuages noirs, les éclairs et une pluie d'orage torentielle... À l'arrivée dans la ville, à la première occasion j'avise un immeuble avec balcons : on se glisse dessous. Enfin, à l'abri !

Cet immeuble nous offre même une entrée de garage avec de quoi abriter les vélos d'un côté, et nous asseoir sur un renfort en béton de l'autre : si nous n'étions pas trempés jusqu'aux os et frigorifiés, nous serions plutôt bien installés ! La pluie tombe encore fort pendant une bonne demi-heure. Il est midi passé, et une voiture rentre dans le garage - nous lui laissons de la place, et elle passe sans que les vélos ne la dérange. Le conducteur vient nous voir : c'est un monsieur qui nous promet des nouvelles météos précises grâce à la météo marine du port... il revient au bout de 10 minutes en nous promettant une accalmie.

Nous patientons, nous grignottons, nous commençons à envisager les choses autrement. Et si on dormait au sec ce soir ? Un hôtel avec spa ? Un coup d'oeil sur booking ne nous montre rien d'intéressant. Ou alors, on s'invite chez Michel, l'ami du cousin Thierry ? Hop, je dégaine le téléphone, et je tente de lui faire négocier une nuit chez l'habitant pour ce soir à Saint-Gilles-Croix-de-Vie... Finalement, la pluie se calme en intensité, la luminosité revient, et nous décidons de reprendre la route : longer la promenade en front de mer, puis se perdre - car aux Sables, les vélos ne sont pas les bienvenus près du port, et le tracé « officiel » sur le GPS est rapidement récusé dans les faits par des panneaux sens interdits, interdit aux vélos, ou itinéraires conseillés qui nous amènent n'importe où sauf voir les bâteaux. Les 4 km du centre-ville nous font ainsi perdre un temps fou... mais au moins le soleil est de retour, ça fait du bien au moral.

Tant qu'on est en ville, nous repérons un supermarché Carrefour, et j'y rentre dans une tenue improbable - pantallon et T-shirt 100% mouillés, tongs aux pieds - pour acheter exceptionnellement de quoi manger chaud ce midi. En l'absence de rayon traiteur, je choisis un combo-calories-calage gagnant : gnocchis, morceaux de poulet, crème fraîche, et biscuits au chocolat en dessert. Il ne reste plus qu'à savoir où manger, mais ça, Antoine y a déjà pensé pendant que je faisais les courses : à la fin du prochain tronçon de 6 km qui oscille entre l'océan et les dunes, se trouve une aire de repos avec des tables de pic nic... c'est parti ! Nous allons y faire une des plus longues pauses déjeuner jamais faite, et pour cause : non seulement on cuisine, mais en plus le soleil s'est mis à taper vraiment fort, ce qui nous permet de nous sécher et de mettre à sécher nos affaires... Cette pause est vraiment réparatrice. Je rappelle Thierry : il n'a pas réussi à joindre son ami. Tant pis, dans l'état d'esprit actuel, tout va bien : il nous reste 35 ou 40 km, le soleil est de la partie, nous avons bien mangé... Il est bientôt 15 h... tout va bien !

La première dizaine de kilomètres est une belle balade dans les marais d'Olonne : c'est joliment aménagé et agréable. À proximité de Brem-sur-Mer, nous faisons même un petit détour vers l'Auzance pour jeter un oeil à la plage des Granges. Mais à partir de là, et tout le long de Bretignoles-sur-Mer, avancer devient un calvaire : nous sommes samedi, et nous devons croiser ou doubler beaucoup trop de gens - que ce soit des vélos en goguette ou des grappes de piétons, il est impossible de rouler sur la « vélo-route », dont on nous rappelle en permanence qu'elle est un « espace partagé », que nous ne sommes pas prioritaires et qu'il faut ralentir - sans toutefois préciser à combien. Nous estimerons que les panneaux urbains « zones partagées » qui incluent les voitures annoncent aussi clairement 30 km/h... Donc les voitures elles dans un tel espace peuvent aller 7 fois plus vite qu'un piéton : nous avons de la marge ! À vrai dire je préfère les panneaux qui demandent à tous de respecter les différents utilisateurs...

Après ces 10 km de front de mer, l'approche de Saint-Gilles se fait par une piste qui emprunte souvent la forêt, et qui jouxte un sentier réservé aux piétons. Mais autant la signalétique est relativement claire pour nous vélos (il nous est interdit de rouler sur le sentier), autant la signalétique réservée aux piétons est plus floue, et ne mentionne pas de faire attention aux vélos - or, d'une part les groupes de piétons s'étalent naturellement, comme instinctivement, sur les deux voies dès que l'espace leur semble accessible, et d'autre part l'accès au sentier depuis les parkings passe systématiquement par la voie cycliste, très peu signalée. À nouveau, la prudence est de mise...

Arrivés en ville, il n'est pas encore 17h30, et nous allons faire quelques courses à un Super U près du centre. Suite à quoi nous traversons le centre et le port. Alors que nous longeons la gare et les rails, une barrière s'abaisse justement : un train va quitter la gare, blocant la circulation pour au moins 5 bonnes minutes. C'est le moment de remettre les kway... heureusement pas pour longtemps. Il nous reste tout le front de mer à parcourir - en fait, encore 7 km ! - pour atteindre le camping municipal de la Riez. Le temps qu'on arrive, il est presque 19h... mais la réception est déjà fermée. Zut ! À quelques minutes près c'est trop bête... en fait, en regardant mieux, la réception est fermée depuis 18h00 !... C'est bien la première fois qu'on voit ça. Des gens jouent aux boules à côté, mais ne s'intéressent pas à nous - doit-on insister ici, discuter et s'installer ?... Sur le plan du camping, ça parle mobil homes et caravanes. Le camping n'est bien sûr plus municipal. Tout cela ne nous plaît pas... on s'en va !

Marchee arrière sur 1,5 km : nous retournons vers le Camping de Sion aperçu sur notre chemin. Surprise ? L'accueil est fermé aussi - c'est bien compréhensible, maintenant il doit être 19h05. Sauf que l'accueil est fermé depuis 17h30 ici ! C'est une manie ? Non, simplement les deux campings gérés par les mêmes... désastre. Que faire ? Il se fait tard et tous les campings seront fermés. Bon, ben maintenant qu'on est ici, on s'installe. On avance, on choisit un emplacement, soyons désinvoltes... n'ayons l'air de rien... hop, la tente est montée, le linge sèche, ... Antoine part au bloc sanitaire, et... ne revient pas. Bloqué ? Oui, en pleine discussion avec une vélo-randonneuse qui vient de Nantes. C'est sa première journée d'une rando d'un mois !

Après une douche (tiède) et un bon dîner - heureusement que nous avions tout prévu... durant la soirée, nous regardons la météo (elle ne va pas s'arranger), et les horraires de train : demain à 9h, nous pouvons embarquer pour Nantes et y être en 1h10. C'est tentant... nous sommes très tentés ! Le réveil est programmé sur 6h, et zou, au dodo.

Les stats !

> Étape Jard-sur-Mer - Saint-Hilaire-de-Riez
> À vélo : 88 km en 5h42 (soit 15,4 km/h) 
> Camping de Sion
> On aime : ? 
> On regrette : pas d'accueil après 17h30, pas de PQ
vendredi 18 juin 2021, 21:17

Vélodyssée - Errance

Suite à l'accalmie des averses en milieu de nuit, le temps est resté au sec relatif : quand nous replions la tente, elle n'est pas sèche mais ce n'est pas non plus l'apocalypse. La journée commence par les +7 km de la veille qui nous ramènent à Marans, et de là, nous pouvons « commencer » la journée de route prévue : 66 km qui doivent nous amener à Saint-Vincent-sur-Mer.

Le vent est de la partie aujourd'hui, et le démarrage s'en ressent en longeant le canal maritime de Marans à la mer... 5 km plein ouest, en plein dans le vent. À la sortie du canal, nous suivons la piste cyclable évidente, mais évidemment c'était faire peu de cas des indications cachées par la végétation, et qui elles indiquaient le sens inverse ! Un bref coup d'oeil sur le GPS confirme qu'il faut revenir sur nos pas, impossible de faire mieux. Les 17 km suivants passent dans la campagne, le plus souvent sur des routes goudron, parfois sur des gravillons, et c'est alors que nous croisons les premiers vélo-randonneurs du jour : hier, j'en avais compté 45, aujourd'hui ce sera à nouveau à peine moins d'une quarantaine.

Une pause à Saint-Michel-en-l'Herm est bienvenue, sur une petite aire aménagée en bord de village. Nous suivons ensuite docilement la piste qui nous ramène plein sud - le détour est évidemment touristique, nous longeons une ancienne digue aujourd'hui située dans les terres. À partir de là, nous suivons plus ou moins une rivière parallèle à la côte : un paysage de marais bientôt entourré de maisons résidentielles des villes vacances que sont l'Aiguillon-sur-Mer et la Faute-sur-Mer. Nous franchissons la rivière et entrons dans le « centre » de cette dernière ville, en espérant trouver de quoi nous restaurer - car aujourd'hui exceptionnellement les réserves sont maigres, et le temps maussade nous fait rêver d'un fish-and-ships...

Dans la rue commerçante - au demeurant tellement vide de passants qu'on l'imagine encore à moitié endormie en basse-saison - nous avisons rapidement un restaurant avec terrasse vide. Un coup d'oeil vers l'intérieur confirme qu'il est ouvert : un unique couple mange dans le patio plus loin. Nous posons les vélos contre les gros bacs à fleurs de la terrasse, et commençons le rituel de l'arrêt : retirer le gilet jaune, extraire les anti-vols, ... Un blondinet sort du restaurant sans que rien ne nous permette de l'identifier comme y travaillant - il ne nous prête aucune attention, il semble sortir juste pour fumer peut-être. Je capte son regard, je considère que oui, c'est bien le serveur, et je lui demande s'ils servent encore - oui ! Par contre, ne pourrait-on pas éviter de mettre les vélos en appui sur les cordes de la terrasse, c'est fragile ?... On vérifie avec lui, et Antoine confirme : les vélos sont appuyés sur les bacs, ils n'abîment rien, ... le gars insiste pour qu'on les déplace puis pour qu'on ne touche à rien. Faut savoir... Antoine veut alors les déplacer, alors que moi j'ai déjà l'indice de colère dans le rouge. Nous accrochons les vélos 5 mètres plus loin sur d'étranges structures simplistes et métaliques que le serveur nous a indiqué être des garages à vélo - même si cela ne semble pas du tout adapté. Le serveur s'étonne - je le sens vexé. Il discute chiffre avec un vendeur voisin qui ferme boutique pour ce matin - il n'a fait aucune vente.

Nous entrons dans la terrasse, et atteignons une seconde terrasse semi-couverte - toute aussi vide que l'autre. Le serveur nous propose le patio (qui lui fait sans doute moins loin pour le service), mais nous préférons avoir un oeil sur les vélos. Je lui demande si on peut s'installer à une table pour 4 qui permettrait de les surveiller. Évidemment, il préfère nous “proposer” une table pour 2 plus en retrait et moins bien placée. Pourtant, il n'y a absolument personne. Ça change quoi ? Cette fois-ci ma jauge de patience a dépassé la limite. Ça ne m'intéresse pas de me plier à ces conditions absurdes qui ne seraient valable que s'il y avait un tant soit peu de clientèle, alors qu'en ce moment même on ne dérange personne et on ne prend la place de personne : et pour cause, il n'y a personne !... On sort de là, et on va reprendre les vélos - le serveur surpris nous lance « vous ne mangez pas finalement ? Je m'en fous, c'est pas moi que ça dérange ! »

On termine donc « LA » grande rue de la Faute-sur-Mer sans trouver de restaurant qui nous convienne (trois autres sont ouverts, plus remplis que le premier) et puis d'ailleurs nous n'avons plus envie de lâcher une thune dans ce bled. Nous nous installons au bout de la rue face à l'océan, sur un banc en bois conçu avec un dossier en travers brinqueballant - ça doit être pour donner un style à la promenade du front de mer. Le pain qui nous reste de la veille et le fromage à la crême feront l'affaire !

Pour repartir, nous longeons la Casse de la Belle Henriette, un site naturel, puis rejoignons un tracé on ne peut plus anonyme : une cyclable sur trottoir le long d'une départementale... Ce qui nous amène à la Tranche-sur-Mer, où notre premier réflexe est de refaire le plein pour manger ce soir ! Les 15 km suivants tiennent de la balade en forêt plus que du déplacement : des virages incessants de droite et de gauche, c'est plutôt plaisant mais lent. Lors d'une montée un peu raide, je réduis un peu trop tardivement les vitesses, fait caqueter le mécanisme et finalement déraille - mais les choses rentrent facilement en ordre, pas de casse. À une intersection, nous croisons un groupe de randonneurs venus de Redon qui se plaignent de l'absence d'indications, et du rythme trop rapide des cyclos équipés d'un vélo électrique - ces gens qui ne fournissent quasiment aucun effort, mais tiennent à vous dépasser au plus vite et sans prendre de précautions.

Nous voici enfin à Saint-Vicent-sur-Mer, à proximité du camping que j'avais repéré. Seulement, maintenant qu'on est devant, cela ressemble à un immense terrain à abattre de la caravane en pleine ville. Ça ne me tente pas : nous rajoutons 2,5 km et atteignons le Camping de la pomme de pin, plus près de l'océan. Il appartient visiblement à la même chaîne que celui de l'île d'Oléron qui nous avait bien plu : c'est bon signe ! Le temps de saluer la personne à l'accueil et de lui indiquer que je souhaite « un emplacement, deux vélos, deux personnes », qu'elle m'annonce « je vous conseille d'essayer plutôt au Camping du Bosquet », sans préciser le motif de son refus “poli”. Il me semble pourtant que vu le taux de remplissage actuel, il y a de la dispo... Bref, je gromelle et m'en vais - on vient de se faire rembarrer parce qu'on est pas pétro-nomades, c'est évident !

Allez, un petit km de plus pour atteindre le camping indiqué - le camping pour pauvres ? Un jeune homme un peu trop jeune tient l'accueil, et là, c'est sidérant « le logiciel ne marche pas, je ne peux pas prendre de réservation. » Pardon ? Pour toute la soirée ?... Genre, il n'accepte plus aucun client ce soir ?... Le gamin soit ne comprend rien à la vie commerciale, soit c'est moi qui ne comprend rien. Depuis quand une panne informatique empêche d'attribuer un emplacement et d'écrire les renseignements qui pourront être saisis plus tard ? Le gamin bredouille, il faudra qu'il rappelle le camping dont il dépend pour savoir - euh, visiblement, ça ne lui vient pas à l'idée de le faire maintenant. Je n'insiste pas, et je lui demande qui accepte ici des campeurs en tente. Il me répond le camping de la pomme de pin... - on en vient ! Décidément il ne faut pas rester là.

Nous ne sommes plus qu'à deux pas du port, alors nous allons sur le port, puis nous cherchons l'entrée du camping suivant - hop hop, un km de plus. Il s'appelle le Camping la Ventouse, ça nous fait rire ce nom, ça c'est un camping pour nous, c'est sûr ! Je ressort mon masque, je reprend mon sourire, et je fais exactement la même demande. La réponse normale et attendue arrive : « Bien sûr ! » Je lui dis alors que c'est loin d'être évident et lui raconte notre petit périple - elle n'en revient pas... Entre temps, nous sommes inscrits, l'emplacement est payé, nous avons un plan du camping, et elle nous accompagne jusqu'à un emplacement qu'elle nous conseille car à proximité d'une terrasse abritée dédiée aux randonneurs : elle héberge une table et deux chaises. La dame de l'accueil nous précise même que si on veut monter notre tente dessous, pas de problème ! Comme quoi, il reste des gens qui ont une idée de ce qu'on attend comme service...

Nous montons la tente sur l'emplacement désigné, chargeons le portable, et filons faire d'autres courses : les courses du soir, où on peut acheter des choses lourdes - comme des bouteilles de bière. Nous passons dans le centre de Jard, puis trouvons notre bonheur au Super U. Nous revenons dîner au camping, où après une douche méritée, nous nous installons à la table proposée sous l'auvent. Le port n'étant pas loin, nous terminons par une petite balade à pied, avant de décider finalement... de déplacer la tente sous l'auvent. Cela s'est avéré un bon calcul : au matin, la tente sera parfaitement sèche malgré les averses de la nuit.

Les stats !

> Étape Ile d'Elle - Jard-sur-Mer  
> À vélo : 87 km en 5h48 (soit 15 km/h) 
> Camping la Ventouse 
> On aime : l'accueil, l'excellent abri-terrasse pour itinérants, le camping valloné, l'emplacement entre le bourg et le port 
> On regrette : pas de PQ