Nous partons résolument de bonne humeur - même si visiblement, la météo elle n'est pas au beau fixe : le ciel amasse les nuages, et semble promettre tôt ou tard que ça pètera un bon coup. En attendant, nous avons tout plié bien sec, et sommes partis plutôt efficaces en ce début de journée. Nous passons pas le centre, et commençons par un détour bonus : nous rendons une petite visite à l'abbaye de Lieu Dieu, jolie mais visiblement à l'abandon depuis trop d'année. Un peu plus bas, Antoine reconnaît la maison de vacances de sa jeunesse - c'est à la fois pareil, et différent... Puis un dernier détour nous amène à Ragounite, une plage pleine de souvenirs.

Nous sortons de Jard par les marais, que nous longeons ou traversons sur une petite dizaine de kilomètres : le temps est accordé aux étendues humides et s'il ne pleut pas encore, la promesse est toujours dans l'air. C'est en passant Port Bourgenay qu'elle se concrétise... Le long d'un rond point, un étrange espace vert comme à moitié oublié de la civilisation, nous offre un banc à l'abri de quelques arbres. C'est sous ce couvert et sous kway, que nous prenons la pause calorique du matin.

Il ne manque que quelques kilomètres et nous rejoignons le bord de mer à la baie de Cayola, l'endroit est très joli, mais il marque surtout l'accélération de la pluie : nous sommes trempés, sans rien pour se mettre à l'abri. Nous allons parcourir toute l'approche des Sables d'Olonne sous les nuages noirs, les éclairs et une pluie d'orage torentielle... À l'arrivée dans la ville, à la première occasion j'avise un immeuble avec balcons : on se glisse dessous. Enfin, à l'abri !
Cet immeuble nous offre même une entrée de garage avec de quoi abriter les vélos d'un côté, et nous asseoir sur un renfort en béton de l'autre : si nous n'étions pas trempés jusqu'aux os et frigorifiés, nous serions plutôt bien installés ! La pluie tombe encore fort pendant une bonne demi-heure. Il est midi passé, et une voiture rentre dans le garage - nous lui laissons de la place, et elle passe sans que les vélos ne la dérange. Le conducteur vient nous voir : c'est un monsieur qui nous promet des nouvelles météos précises grâce à la météo marine du port... il revient au bout de 10 minutes en nous promettant une accalmie.
Nous patientons, nous grignottons, nous commençons à envisager les choses autrement. Et si on dormait au sec ce soir ? Un hôtel avec spa ? Un coup d'oeil sur booking ne nous montre rien d'intéressant. Ou alors, on s'invite chez Michel, l'ami du cousin Thierry ? Hop, je dégaine le téléphone, et je tente de lui faire négocier une nuit chez l'habitant pour ce soir à Saint-Gilles-Croix-de-Vie... Finalement, la pluie se calme en intensité, la luminosité revient, et nous décidons de reprendre la route : longer la promenade en front de mer, puis se perdre - car aux Sables, les vélos ne sont pas les bienvenus près du port, et le tracé « officiel » sur le GPS est rapidement récusé dans les faits par des panneaux sens interdits, interdit aux vélos, ou itinéraires conseillés qui nous amènent n'importe où sauf voir les bâteaux. Les 4 km du centre-ville nous font ainsi perdre un temps fou... mais au moins le soleil est de retour, ça fait du bien au moral.
Tant qu'on est en ville, nous repérons un supermarché Carrefour, et j'y rentre dans une tenue improbable - pantallon et T-shirt 100% mouillés, tongs aux pieds - pour acheter exceptionnellement de quoi manger chaud ce midi. En l'absence de rayon traiteur, je choisis un combo-calories-calage gagnant : gnocchis, morceaux de poulet, crème fraîche, et biscuits au chocolat en dessert. Il ne reste plus qu'à savoir où manger, mais ça, Antoine y a déjà pensé pendant que je faisais les courses : à la fin du prochain tronçon de 6 km qui oscille entre l'océan et les dunes, se trouve une aire de repos avec des tables de pic nic... c'est parti ! Nous allons y faire une des plus longues pauses déjeuner jamais faite, et pour cause : non seulement on cuisine, mais en plus le soleil s'est mis à taper vraiment fort, ce qui nous permet de nous sécher et de mettre à sécher nos affaires... Cette pause est vraiment réparatrice. Je rappelle Thierry : il n'a pas réussi à joindre son ami. Tant pis, dans l'état d'esprit actuel, tout va bien : il nous reste 35 ou 40 km, le soleil est de la partie, nous avons bien mangé... Il est bientôt 15 h... tout va bien !
La première dizaine de kilomètres est une belle balade dans les marais d'Olonne : c'est joliment aménagé et agréable. À proximité de Brem-sur-Mer, nous faisons même un petit détour vers l'Auzance pour jeter un oeil à la plage des Granges. Mais à partir de là, et tout le long de Bretignoles-sur-Mer, avancer devient un calvaire : nous sommes samedi, et nous devons croiser ou doubler beaucoup trop de gens - que ce soit des vélos en goguette ou des grappes de piétons, il est impossible de rouler sur la « vélo-route », dont on nous rappelle en permanence qu'elle est un « espace partagé », que nous ne sommes pas prioritaires et qu'il faut ralentir - sans toutefois préciser à combien. Nous estimerons que les panneaux urbains « zones partagées » qui incluent les voitures annoncent aussi clairement 30 km/h... Donc les voitures elles dans un tel espace peuvent aller 7 fois plus vite qu'un piéton : nous avons de la marge ! À vrai dire je préfère les panneaux qui demandent à tous de respecter les différents utilisateurs...
Après ces 10 km de front de mer, l'approche de Saint-Gilles se fait par une piste qui emprunte souvent la forêt, et qui jouxte un sentier réservé aux piétons. Mais autant la signalétique est relativement claire pour nous vélos (il nous est interdit de rouler sur le sentier), autant la signalétique réservée aux piétons est plus floue, et ne mentionne pas de faire attention aux vélos - or, d'une part les groupes de piétons s'étalent naturellement, comme instinctivement, sur les deux voies dès que l'espace leur semble accessible, et d'autre part l'accès au sentier depuis les parkings passe systématiquement par la voie cycliste, très peu signalée. À nouveau, la prudence est de mise...
Arrivés en ville, il n'est pas encore 17h30, et nous allons faire quelques courses à un Super U près du centre. Suite à quoi nous traversons le centre et le port. Alors que nous longeons la gare et les rails, une barrière s'abaisse justement : un train va quitter la gare, blocant la circulation pour au moins 5 bonnes minutes. C'est le moment de remettre les kway... heureusement pas pour longtemps. Il nous reste tout le front de mer à parcourir - en fait, encore 7 km ! - pour atteindre le camping municipal de la Riez. Le temps qu'on arrive, il est presque 19h... mais la réception est déjà fermée. Zut ! À quelques minutes près c'est trop bête... en fait, en regardant mieux, la réception est fermée depuis 18h00 !... C'est bien la première fois qu'on voit ça. Des gens jouent aux boules à côté, mais ne s'intéressent pas à nous - doit-on insister ici, discuter et s'installer ?... Sur le plan du camping, ça parle mobil homes et caravanes. Le camping n'est bien sûr plus municipal. Tout cela ne nous plaît pas... on s'en va !
Marchee arrière sur 1,5 km : nous retournons vers le Camping de Sion aperçu sur notre chemin. Surprise ? L'accueil est fermé aussi - c'est bien compréhensible, maintenant il doit être 19h05. Sauf que l'accueil est fermé depuis 17h30 ici ! C'est une manie ? Non, simplement les deux campings gérés par les mêmes... désastre. Que faire ? Il se fait tard et tous les campings seront fermés. Bon, ben maintenant qu'on est ici, on s'installe. On avance, on choisit un emplacement, soyons désinvoltes... n'ayons l'air de rien... hop, la tente est montée, le linge sèche, ... Antoine part au bloc sanitaire, et... ne revient pas. Bloqué ? Oui, en pleine discussion avec une vélo-randonneuse qui vient de Nantes. C'est sa première journée d'une rando d'un mois !
Après une douche (tiède) et un bon dîner - heureusement que nous avions tout prévu... durant la soirée, nous regardons la météo (elle ne va pas s'arranger), et les horraires de train : demain à 9h, nous pouvons embarquer pour Nantes et y être en 1h10. C'est tentant... nous sommes très tentés ! Le réveil est programmé sur 6h, et zou, au dodo.
Les stats !
> Étape Jard-sur-Mer - Saint-Hilaire-de-Riez
> À vélo : 88 km en 5h42 (soit 15,4 km/h)
> Camping de Sion
> On aime : ?
> On regrette : pas d'accueil après 17h30, pas de PQ