Journal de Bottes

Déracinement de (veli)bobos parisiens rempotés en pleine nature (la suite).

jeudi 17 juin 2021, 21:17

Vélodyssée - Marans pas marrant

Après un début de nuit mouvementé, nous avons dormi comme des souches - mais pas encore assez récupéré. Après un petit déjeuner face à la mer (quel luxe), nous sommes prêts pour le départ. La trace suit la côte dand Fouras et nous permet d'admirer quelques pontons de pêche, avec leurs cabanons et leurs filets au-dessus de l'eau qui rappellent les trabocchi italiens, puis le fort Vauban. Direction la pointe de la Fumée, où un petit port permet de rejoindre l'ile d'Aix - une autre fois peut-être ! Les indications vélos nous éloignent alors de l'océan - c'est trop bête : nous repiquons vers le boulevard de l'Océan, pour longer la plage nord de Fouras, puis nous suivons le sentier gravillonné dans la foulée : nous avons bien fait, la vue sur une bonne trentaine de cabanons de pêche sur pilotis vaut vraiment le détour.

Fouras

Pontons de pêche

Nous voici à nouveau sur de petites routes peu passantes. Un cyclo route fringuant bien que visiblement pas tout jeune (soyons francs, c'est souvent le cas des cyclo route), nous double : Antoine accélère et lui colle au train, et nous le suivons en file indienne quelques temps... mais voilà qu'il s'arrête bientôt ! En passant devant lui je lui dis que c'est bien dommage, il avait bien dopé notre moyenne ! Quelques minutes plus tard, le voilà qui se replace à notre niveau et commence à discuter. Monsieur a 73 ans et fait avec son club deux sorties par semaine de plus de 100 km. La sortie c'était hier, et aujourd'hui il fait son décrassage : il en profite au passage pour ramener des moules pour midi - en fait, il fait tout à vélo, même aller chez le coiffeur, du coup il roule environ 18.000 km par an... Sur-entraîné, son pouls bat à 37 le matin : quelle santé ! Sauf que son frère, qui est véto - et assurément il aurait fait un bon docteur ! - lui a fait la remarque que ses artères, elles, avaient bel et bien son âge... et que personne n'est immortel, même avec un coeur comme le sien. Il vient de Moulins dans l'Allier, mais s'est installé récemment à Châtelaillon - il y est resté presque toute l'année car il préfère être confiné à la mer ! Il note que nous ne portons pas de casques (nous nous contentons effectivement d'une casquette ! et surtout d'un gilet fluo pour être vus)... le sien lui a sauvé la vie l'an dernier : un coéquipier a doublé dans le pelotton, une voiture est arrivée en face, ça s'est mal passé... chute, traumatisme crânien. Mais c'est le casque qui a encaissé le plus gros du choc - il s'en sort bien.

Sur ce, il passe près d'Antoine, échange quelques mots, puis prend le lead, un peu plus rapidement que tout à l'heure : il nous emène avec lui ! Allez hop, on appuie un peu plus sur les pédales, et on accélère jusqu'à 25 km/h, on en a encore sous le pied (et sans même passer le 3e plateau) mais visiblement il ne souhaite pas faire plus - vu qu'il nous a annoncé sa vitesse moyenne, et que c'est le double de la nôtre... 30 km/h. Il passe un stop sans s'arrêter en nous criant « c'est bon ! » et on passe à sa suite, c'est rigolo on se croirait presque dans un peloton... mais malheureusement ça ne dure pas : une petite pancarte verte et blanche nous indique de tourner à gauche, et lui va tout droit : on se salue et on se quitte... Bonne continuation papi cycliste !

Notre piste longe le bord de mer au plus près, et commence par quelques tables où grignotter la pause du matin - la rando vélo, c'est vraiment un truc à manger tout le temps ! Devinez qui arrive alors ? Le couple Mr T-shirt bleu (qui maintenant est Mr T-shirt vert) et Mme T-shirt noir (elle doit en avoir plein de la même couleur)... Les montpeliérains nous disent avoir passé la nuit à Rochefort : ils terminent aujourd'hui à la Rochelle... alors c'est sûr, nous ne les verrons définitivement plus sur notre route : la dernière fois, ce sera pour les doubler quelques kilomètres plus loin à Châtelaillon.

Dans cette ville, nous faisons quelques courses, poursuivons la route en dépassant Angoulins, et nous arrêtons déjeuner au bout de la plage d'Aytré, plus très loin de la ville. Les immeubles commencent à encombrer le paysage, mais plus nous nous rapprochons et plus des efforts paysagers ont été faits pour rendre le parc traversé par la piste cyclable agréable à l'oeil - ça compense ! Nous passons devant les Minimes et son port de plaisance immense, puis l'entrée du Vieux Port.

La Rochelle - Le vieux port

Ici, c'est la ville, ça fourmille, et c'est rempli de vélos qui roulent dans tous les sens - ça double par la droite, ça zig zag entre les piétons... Mais 500 m plus loin nous sommes déjà repartis pour une piste toute droite le long d'un canal - et arrêtés par un monsieur qui me demande au moins 3 fois : « vous êtes d'ici ?! ... » Ben non, pourquoi, vous avez besoin d'aide ?... Pas du tout : il veut absolument nous envoyer découvrir un tunnel anti-char datant de la seconde guerre mondiale, qui serait situé sous les remblais de creusement du canal... ses explications ne sont pas très claires, il faudrait traverser sur une passerelle métalique, longer le canal par l'Est, suivre une piste à peine cyclable... La description du tunnel est aussi étonnante : 10 mètres de large à l'entrée, 10 cm à la fin, pas éclairé, un pavage mal joint et l'assurance de prendre des gouttes d'eau sur la tête ? Il insiste : bien peu sont les rochelais qui connaissent cet endroit... mais on peut lui faire confiance, nous ne sommes pas les premiers qu'il envoie là-bas !...

Un peu plus loin, vers Rompsay, nous traversons une passerelle métalique, mais la piste côté Est du canal est effectivement dédiée aux piétons - avec notre barda sur le vélo, nous n'avons pas vraiment envie de faire des extras de ce genre, d'autant qu'une dame nous lance direct, sur un ton sans appel « ce n'est certainement pas le chemin que vous cherchez ! » Et elle a sans doute raison ! En tout cas nous obtempérons : nous reprenons donc le tracé dédié aux cyclistes, côté ouest, et ça grimpe un peu : le canal est maintenant au moins 20 mètres en dessous ! Au bout de 5 km, il disparaît même dans le tunnel St Léonard... Nous prenons une petite pause pour découvrir l'endroit, puis continuons : le canal réapparaît. De la ville de Diompierre nous n'en verrons que les lotissements le longeant.

Le canal

La suite est moins intéressante : la piste cyclable emprunte maintenant une route goudronnée défoncée, d'où nous n'apercevons même plus le canal pourtant juste à côté, et pour courronner le tout... il se met à pleuvoir et il faut rouler habillés en kway - c'est-à-dire, en sauna. Enfin, nous arrivons à Marans, notre étape du soir - elle est parcourue de plusieurs canaux, des bateaux sont amarés tout du long, et l'ambiance fait penser à Comacchio - en 1000 fois moins italien, et 1000 fois moins joli, mais c'est la même idée : une ville d'eau. Nous traversons tout et rejoignons la départementale qui doit nous amener au camping, voilà, nous y sommes, et pourtant ça a l'air fermé... deux simples feuilles A4 écrites au marqueur nous informent : « CHANGEMENT DE GÉRANCE » et « OUVERTURE LE 21 JUIN ». Sans déconner ?... Nous sommes fatigués, dégoulinants de pluie dans nos kway, et c'est fermé ? Antoine pose la bonne question « tu les avais appelés ?... » Difficile à dire, vu que je n'ai plus ma feuille de route initiale, mais j'aurais tendance à dire que oui, car de tout le secteur, le Camping municipal du Bois Dinot est le seul sur notre route... je ne m'imagine pas avoir négligé ce point - et à notre retour, confirmation : sur ma feuille était bien inscrit « ouvre le 15/05 ». Couac.

Nous nous approchons de l'accueil, une voiture est stationnée tout à côté, coffre ouvert avec vue sur toute une batterie de cuisine... les nouveaux gérants qui déménagent ? À l'intérieur, deux voix de femmes - je signale ma présence. Elles arrivent, et ne se démontent pas :

  • ah bah oui dommage, hein, on est désolé mais c'est fermé. Vous pouvez aller à Dompierre...
  • Non, on en vient !
  • Ou alors à l'Ile-d'Elle, c'est le camping le plus proche !
  • C'est où ?... Non, ce n'est pas sur notre route, cela ne nous intéresse pas. Il y a quoi d'autre ?
  • ... ?
  • Ils font la vélodyssée - c'est ça, vous faites la vélodyssée ?
  • Oui. Il y a un autre camping plus loin ?
  • Bah après c'est à St Michel en l'Herm sinon... mais c'est bien à 20 km.
  • ... » Là, il n'y a plus grand chose à dire, il ne me reste qu'une grosse envie d'insulter ces gens. Je me contente de dire que leur camping c'est un service de merde, et j'appelle la mairie de Marans. Ah oui, effectivement, ils ont remarqué que depuis quelques jours des gens sont plantés par leur camping et se retrouve dans la merde - eh bien dans ce cas ils conseillent d'aller à l'Île-d'Elle... Alors puisqu'il n'y a pas de choix, c'est parti pour 7 km de rab le long des canaux (et non pas 5 km comme annoncé, car bizarement les gens minimisent toujours la distance quand il s'agit de nous envoyer quelque part). En fait, nous suivons un tracé de « la Vendée à Vélo », qui s'est offert un plan comm' vélo avec des panneaux à ses couleurs - non, le panneau normé officiel ça leur plaisait pas, il fallait qu'ils ajoutent partout qu'en Vendée on peut faire du vélo. Pfff. Du coup comme tout bon parcours vélo rando qui se respecte, le principe est simple : vous n'allez pas d'un point A à un point B, vous faites des détours pour aller du point A au point B... En le suivant, on s'offre une petite côte (c'est vrai qu'à ce moment de la journée on apprécie les défis sportifs) avec point de vue et un passage dans des champs (c'est vrai qu'à ce moment de la journée on adore les panoramas bucoliques), alors qu'il y avait plus plat et plus court... bref, nous arrivons au Camping Le petit booth avec une humeur assez carabinée. Seule bonne nouvelle, la pluie a cessé.

Le gérant ici a de l'humour - pas le mien, certes, et avec moi ses blagues tombent un peu à plat, mais il essaie de nous dérider, et en soi c'est déjà bien. On apprend qu'on n'est pas les seuls à s'être cassés le nez à Marans : hier, ici c'était plein de vélos qui ont fait du rab comme nous, ce soir il y en a deux autres en plus de nous, et même des gens qui avaient une résa (ah ah ! ils étaient donc bien annoncés ouverts auparavant !) de mobil homes se sont faits décommandés la veille au soir et se sont ramenés ici même sans tente sans rien pour dormir, vu qu'ils n'avaient pas pu prévoir en cours de route... la fête. « Ouais, je sais pas ce qu'ils font à Marans. Ils disent toujours qu'ils ouvrent le 21 ?... »

En attendant, on fait les formalités. On nous propose même une formule spéciale pour itinérants, avec dîner et petit déjeuner... sauf qu'on a déjà tout prévu, alors on décline - on ne prend que l'emplacement. On plante la tente, on recharge le téléphone, et on papotte avec nos voisins. À côté de nous, un papi du vélo regarde une carte papier de la région - il roule à l'ancienne : il suit le réseau secondaire, et à 78 ans il abat jusqu'à 150 km par jour... Il a planifié un énorme tour pour aller voir ses 4 gamin.e.s installé.e.s aux quatre coins de la France et même des amis en Belgique ! Sa compagne ne l'accompagne pas cette fois-ci, mais il lui dicte chaque soir un petit texte par téléphone pour qu'elle mette à jour son blog - comme ça, ceux qui vont le recevoir peuvent le suivre au jour le jour... De l'autre côté de la haie, l'autre cycliste est un (ancien ?) skipper, il vient de Lorient et revient de chez des amis à La Rochelle. Quant au stagiaire qui tient l'accueil, c'est un jeune d'origine portugaise en BTS tourisme - comme aujourd'hui je roule en T-shirt de l'équipe nationale portugaise de foot (millésime 2010 d'après lui), le contact se fait rapidement. Il maîtrise déjà le portugais, l'anglais, l'espagnol et le français, et il prévoit encore d'apprendre le russe, le japonnais et l'islandais - rien que ça ! - pour pouvoir exercer son métier dans tous ces pays dont la culture le passionne. Le gamin a le talent et la niaque !

Le temps de manger au sec, boire quelques bières, et se promener dans le village, que la pluie reprend... retour au camping au pas de course pour retirer le linge qui avait été mis à sécher - ou à mouiller ? - sur la corde... et hop, on plonge dans Hubba. Et là, c'est la saucée, la vraie : ça tombe des cordes, ça drache, ça ne s'arrête plus, les gouttes font un boucan du diable sur la toile de tente, on commence à se demander sérieusement si l'imperméabilité de Hubba (considérée sous nos latitudes comme toute relative) ne va pas nous lâcher... Heureusement, vers minuit ça finit par se calmer, et nous ne baignons toujours pas dans la flotte - le plus dur est passé. Dodo.

Les stats !

> Étape Fouras - Marans / Ile d'Elle 
> À vélo : 85 km en 5h36 (soit 15,2 km/h) 
> Camping le petit booth 
> On aime : le stagiaire portugais trop cool, l'excellent accueil vélo, la table de pique nique dans le camping, le bar du camping, le PQ 
> On regrette : pas de haies entre les emplacements
mercredi 16 juin 2021, 23:17

Vélodyssée - Orages à Fouras

Ce matin le temps est menaçant - il fait encore sec, mais le ciel est tellement sombre qu'on ne pourra pas y échapper bien longtemps. Nous remballons tout tant qu'il est temps, et partons sans petit déjeuner : Antoine a repéré hier une table au port des Salines, sur notre route et à 5 minutes seulement du camping. Nous avons à peine le temps de l'atteindre que passer les kway devient nécessaire : petit déj sous pluie fine, face à un panorama beau mais gris tristoune.

Oléron

Toujours sous le crachin, nous revenons sur nos pas : cyclable jusqu'au bout de l'île, et passage sur le viaduc - toujours aussi faux pour ce qui est de ses plats, et encore moins accueillant au vu de la densité de circulation à cette heure. Nous nous arrêtons rapidement : à 9h30, courses au même Lidl qu'hier. Je ressors aussi d'un Brico Leclerc avec la prise électrique CEE spécial bornes des campings indiquée par les véloteurs de Josselin : charger la batterie portable devrait grâce à elle devenir plus facile, nous ne dépendrons plus des blocs sanitaires équipés ou non.

Pour éviter le bout de départementale qu'il reste à franchir pour retrouver la vélodyssée, nous sortons de la zone commerciale par le nord, sur un sentier gravillonné repéré sur OSMand. Plus que 200 m de circulation, et nous revoici sur des petites routes peu passantes. Le contournement de Marennes fait 2 ou 3 km, et après un petit tronçon en forêt, nous entrons dans les marais, toujours accompagnés d'une pluie fine. L'ambiance est parfaite pour leur traversée : nous croisons de nombreux oiseaux d'eau - cygnes, aigrettes, et même cigognes - mais aucun moustique. En plus, la pluie s'arrête, et les nuages les plus gris disparaissent de l'horizon.

À la jonction de notre tracé avec le canal de la Charente à la Seudre, nous tombons sur de gros travaux de réfection de la voirie : la route est déjà fraîchement regravillonnée de blanc, bien lissée, le goudron est visiblement pour bientôt... mais un opérateur nous dit de remonter tout le tronçon sur l'herbe. « Sur l'herbe ?! - Oui, sur l'herbe !... » Ok, c'est parti pour un kilomètre de tape-cul en vélo chargé - on a beau être VUL, il faut quand même se balader 12 kilos sur la roue arrière, ça ne facilite pas les choses. Au bout de quoi, un petit pont en pierre nous invite à prendre immédiatement une pause sucre pour récupérer.

C'est alors que surgit du côté opposé un couple en tandem, qui décide lui aussi de prendre sa pause au même endroit. Je ne résiste pas à l'envie de leur poser quelques questions sur leur bécane. Ils en sont très contents, et nous suggèrent au moins trois fois d'en chiner un sur leboncoin. Madame placée à l'arrière indique le chemin, monsieur placé devant obtempère et donne le rythme. Ils sont toujours ensemble et peuvent discuter - contrairement à la majorité des couples qu'on croise, il est vrai, où Monsieur pédale franco devant, et Madame suit au mieux à 50 mètres derrière - notez qu'il existe des exceptions, parfois c'est clairement Madame qui entraîne Monsieur à sa suite, mais c'est plus rare. Enfin, l'argument massue : Madame a les mains libres et peut prendre des photos. J'y songerais : je n'ai jamais voyagé en prenant aussi peu de photos que cette semaine... mais est-ce vraiment parce que j'ai les mains prises ?

Nous voici donc repartis en dénivelé zéro, puisque nous suivons maintenant le canal : c'est un tronçon agréable et roulant. Mais 15 km plus tard, patatras : le pneu arrière d'Antoine est à plat. L'endroit est mal adapté pour une réparation sérieuse - la chaleur est même revenue nous taquiner et nous rendre un peu fébriles... un premier regonflage confirme en moins d'un kilomètre qu'il s'agit bien d'une creuvaison. Heureusement, nous ne sommes plus très loin d'après OSM d'une base de loisirs... encore 1 km pour atteindre Cabariot, et un autre pour arriver à une table de pique nique à l'ombre : Antoine décide de pousser le vélo - ça nous retarde, mais tout démonter et remonter sous le cagnard ne le tente pas.

Arrivés près de l'étang, nous commençons par manger - ça calme. Ensuite, bricolage : Antoine trouve facilement l'épine qui a transpercé le pneu - le seul qui n'avait pas été changé ! - et le trou dans la chambre à air. Une fois réparée, la roue est remontée, testée, validée. Nous rechargeons le vélo, et reprenons la route !

Dix km suffisent pour rejoindre Rochefort - son port et les bords de la Charente. Nous faisons un petit crochet par le centre histoire de voir la place principale et quelques rues, l'ensemble fait bon chic bon genre, la ville est belle, il n'y a pas à dire ! Côté bassins, l'Hermione est absente - indiquée comme étant en vadrouille à la Rochelle pour 15 jours pour quelques travaux de réfection... pas de chance. Au sud de la ville, nous sommes surpris pas l'immensité de la structure du transbordeur. En plus, il a été remis en fonctionnement depuis peu !

Le transbordeur

Allez encore quelques kilomètres contre le vent, et avant de quitter Rochefort nous faisons quelques courses - je vous le donne en mille ?... - chez Lidl, mais d'abord chez Décathlon : un pneu neuf fait son apparition par dessus les sacoches d'Antoine. C'est encombrant, mais ce n'est pas le moment de le monter : on verra plus tard, pour l'instant, on roule !

Il nous reste moins de 20 km pour arriver à Fouras, où j'ai repéré le Camping de l'Espérance (situé tout simplement rue... de l'Espérance), mais en plus de la chaleur torride, le vent soufle fort contre nous... C'est compliqué d'avancer, d'ailleurs nous dépassons un jeune couple à l'arrêt, il nous semble que Madame tire vraiment la tronche - et comme on la comprend !

Nous voici enfin arrivés : à l'accueil, nous sommes avertis que la zone est en alerte orange : de violents orages sont prévus pour ce soir, fin de l'alerte vers 01h00 du matin. Nous installons notre tente près des haies plutôt épaisses qui bordent le front de mer, histoire de limiter la prise au vent de la tente... mais en restant près de deux petits pins parasol - après tout, c'est ce qu'il y a de plus pratique pour garer les vélos, et puis autour il y a bien assez de réverbères et camping cars pour prendre la foudre avant nous !

Une fois installés, il est encore temps d'aller chercher des bières au Super U de la ville - sur le fil, en fait, car nous faisons la fermeture. À notre retour, une petite douche ne peut pas faire de mal : sa température dépendra du bloc sanitaire, et j'ai visiblement fait le meilleur choix, la mienne est chaude ! À 20 mètres de la tente, un petit portail donne directement sur le front de mer... et un banc. Parfait pour le dîner, et une soirée tranquille jusqu'au coucher du soleil. Une jeune femme qui porte un T-Shirt « gardien » passe et repasse devant nous, et nous demande « c'est vous la tente ?... » oui, oui, c'est bien nous les irréductibles en tente... Elle nous propose alors si besoin de venir nous réfugier dans sa loge si l'orage devient violent : que d'attentions !

Pour l'heure en l'occurence, le ciel est clair, et le vent est complètement tombé. Difficile d'imaginer que l'alerte soit justifiée... Pourtant, le temps de regarder le soleil se coucher, de se laver les dents et de rentrer dans la tente, voilà que le vent se lève, les nuages noirs s'accumulent, et les éclairs commencent à sillonner le ciel... Pour chacun, nous comptons les secondes et rapidement ça fait 1... 2... 3... BAM ! Tonnerre ! C'est tombé à seulement un kilomètre... ça se rapproche dangeureusement ! Pas question de rester là : nous prenons les kway, glissons les pieds dans les tongs, et zou : on file chez la gardienne, à l'accueil. Nous avons bien fait : dehors, ça se déchaîne ! Plusieurs éclairs tombent à nouveau très près, et le barnum du bar juste en face de l'accueil est secoué violemment par les rafales... Nous nous inquiétons pour Hubba, mais après un petit tour au pas de course (suffisant pour en revenir trempés) pour aller vérifier qu'elle tient toujours, zéro soucis, elle est bien placée, bien ancrée, et bouge finalement assez peu.

Nous patientons comme ça une bonne heure, cet orage ne veut pas passer - alors qu'on nous assure que d'habitude, c'est Rochefort qui prend tout... Ce soir, c'est visiblement l'inverse ! Quand ça se calme un peu, nous souhaitons bonne nuit à la gardienne - je lui dis pour plaisanter de venir nous réveiller si ça redevient violent, car nous comptons bien dormir ! Et nous nous glissons à nouveau dans Hubba, nos vêtements du soir tout humides. Le temps de se changer en limaces dans les duvets, et les éclairs reprennent... zut. Faudrait-il ressortir ? Je compte jusqu'à 8... je compte jusqu'à 4... Et merde, il revient ! Antoine était à deux doigts de s'endormir, il se remet à compter avec moi... mais finalement, compter les secondes revient à compter des moutons pour s'endormir, et c'est même très efficace : en moins d'une minute, peut-être ça continue à se déchaîner mais on n'en a aucune idée... on dort.

Les stats !

> Étape Ile d'Oléron (Le Grand Village Plage) - Rochefort - Fouras 
> À vélo : 90 km en 6h11 (soit 14,6 km/h) 
> Camping L'Espérance 
> On aime : la gardienne et l'accueil très attentionnés, la situation sur front de mer avec bancs, le bar du camping 
> On regrette : pas de haies entre les emplacements, l'absence de PQ
mardi 15 juin 2021, 21:07

Vélodyssée - Balnéodyssée

Pas besoin d'être matinaux, puisque nous devons attendre l'ouverture de l'accueil ce matin, mais nous sommes prêts avant 9h. Nous voyons passer la propriétaire, et je lui mets le grapin dessus pour payer au plus vite. C'est cependant trop tard pour le bac : nous devrons quoiqu'il arrive prendre celui de 10h30, puisqu'il faut se présenter 30 minutes avant le départ. C'est tranquillement que nous rejoignons la gare maritime. Un autre couple à vélo attend déjà lui aussi le prochain départ sur l'aire de pique nique toute proche.

À 10h, une vingtaine de voitures fait la queue devant les barrières, et quasiment le même nombre de piétons, dont trois couples de vélos. Le ferry arrive de Royan, et il en descend bien dix fois plus de vélos que nous ! C'est bien la preuve que la vélodyssée a tendance à « se descendre » plutôt qu'à se remonter... Nous voici bientôt à bord, pour une courte traversée : en moins de 30 minutes, nous débarquons à Royan.

La traversée

Les vélos à bord

Un couple prend directement la tangente en s'éloignant du tracé, l'autre couple - je leur donne la cinquantaine -, Monsieur en T-shirt bleu et Madame toute en noir, part devant nous. Le tracé suit la promenade du front de mer, la ville semble à la fois vivante et balnéaire, les villas au charme presque aussi désuet qu'à Soulac sont pourtant plutôt charmantes, et sont toutes baptisées avec les noms les plus divers... Nous passons devant plusieurs plages qui appellent à la flânerie.

Les choses se compliquent du côté de la plage de Pontaillac, celle qui héberge le casino. Là, la piste cyclable fait n'importe quoi : elle traverse en zig zag un petit parc où des bancs jouxtent la piste d'un peu trop près (heureusement personne n'y est assis à cette heure), puis débouche sur le trottoir où nous sommes en « espace partagé » avec les piétons. La belle affaire, ils ne regardent pas, n'entendent rien, nous sommes obligés de rouler au pas, et les plus pressés gromellent car on est trop lents et encombrants ! Pour couper court à ces bêtises, rien de mieux que de rejoindre la route...

Dans une rue commerçantes, une boutique propose des havaïanas : l'occasion parfaite pour remplacer les tongs à 2 balles (c'est-à-dire qu'elles ont effectivement coûté 2 euros) d'Antoine qui sont déjà complètement explosées après 1 semaine d'utilisation - et encore, uniquement en soirée (elles sont donc effectivement à 2 balles, merci Go Sport pour ce bon produit-déchet, sitôt acheté, sitôt prêt-à-jeter). C'est 10 fois plus cher, mais certainement 100 fois plus résistant... En tout cas les miennes me suivent depuis 2007 ;-)

Toujours à Saint Palais, la commune voisine, nous prenons une petite pause avec vue sur mer - histoire de ne pas passer trop vite ces beaux panoramas. C'est alors que l'autre couple, qu'on croyait déjà devant, passe devant nous ! Nous reprenons la route : encore quelques passages en ville, puis la piste longe l'océan. Avant d'arriver à la Palmyre, une aire de pique nique à l'ombre nous fait de l'oeil : pause déjeuner.

Cabane de pêche vers Royan

La Palmyre ressemble à un énorme camp de vacances - d'ailleurs, nous passons entre le Club Med et le golf, les deux protégés par de grands grillages qui donnent l'impression que leurs résidents sont interdits de sortie, obligés de consommer ! La trace suit ensuite le front de mer, mais par la pinède. Ça joue parfois aux montagnes russes, et la direction change : plein ouest, plein nord, plein est... on finit par ne plus savoir où l'on va, et il fait chaud - CHAUD ! Près d'une plage, le couple maillot bleu - maillot noir prend la pause, nous continuons. Plus loin, ils nous repassent devant, ils ont un bon rythme qu'on suit un peu, puis on les laisse filer. Revoilà la ville : nous passons à proximité de la Tremblade, et oh, droit devant : un grand pont ! C'est bien sûr à ce moment que la piste cyclable nous laisse nous débrouiller avec les voitures : ben non seulement ça grimpe, mais vous ne serez pas protégés des voitures, qu'on se le dise... Au loin, Marenne sur la droite, l'île d'Oléron à gauche, avec un pont encore plus grand - n'y pensons pas maintenant ! La montée est raide, mais la descente est rapide, un vrai bonheur.

La piste longe ensuite la départementale pendant 7 km... et file vers l'est, alors qu'Oléron est à l'ouest - visiblement, j'ai prévu une halte hors tracé. Il ne reste plus qu'à suivre cette départementale très fréquentée - tiens, un Lidl... hop, pas d'hésitation : quelques courses, et des glaces made in Portugal à l'acaï (une baie d'Amazonie) sitôt achetée sitôt dégustée le cul posé sur un caillou près de la route - l'itinérance, c'est ça aussi... Il est temps d'attaquer le viaduc : 2 km de départementale, suivis de 3,5 km de pont. Il commence par un faux-plat qui ne dit pas son nom - ça ne monte pas vraiment, mais ça n'avance pas vite non plus ! - et ça finit par un faux-plat qui ne descend pas vraiment - c'est moi ou ça n'avance pas plus vite !? À la sortie du viaduc, une aire de pique nique nous tend les bras : pause eau. Hey, mais c'est pas monsieur t-shirt bleu qui arrive là alors qu'on repart ? Nous les suivons, et les rattrapons au tourne-à-gauche suivant. On s'adresse enfin la parole, alors que les voitures passent autour de nous et qu'on attend notre tour pour avancer. « Vous ici ? Mais qui vous a donné ma trace GPX ?!

  • ... mais par où êtes vous passés ? La départementale ?
  • ben... oui.
  • comme nous. Il nous reste 6 km.
  • pareil. Un camping au Grand Village...
  • nous on va à l'hôtel.
  • j'espère que l'île a des pistes cyclables, parce que l'accès est pas terrible !
  • ...
  • bonne rouuuuute !
  • vous aussiiii ! » Hop, nous repartons, eux tout droit vers leur hôtel, nous à droite vers le camping. Les pistes, nous les trouvons tout de suite : elles serpentent entre les lagunes et les bassins d'huîtres, c'est pas mal, nous les suivons même si elles ralongent un peu notre route. À Grand-Village-Plage le camping s'appelle Paradis, c'est visiblement une chaîne pourtant nous n'y gagnons pas un nouveau bracelet - légère déception. Leur piscine est un lagon naturel, plutôt stylé, il semble très sympathique et a certainement une eau à bonne température, mais pas très profonde... Nous choisissons un emplacement - ce sera près des sanitaires, les autres emplacements libres manquent de zones plates ou d'intimité. La tente plantée, petite transformation pour mettre le maillot de bain, et nous partons chaussés de tongs vers la plage : il suffit de descendre l'avenue pour la trouver. En fait, l'avenue est super longue... Il nous faut bien 20 minutes pour avoir les pieds (et le reste) dans l'eau. L'eau est fraîche mais baignable - pas comme au Pilat ! -, et les vagues donnent envie de revenir avec un body board... une prochaine fois peut-être. Nous séchons tout en observant la population des plagistes : un surfeur qui fait son beau de retour de l'eau, des couples plus ou moins jeunes avec chien, une femme seins nus, des grands parents qui fusillents de la voix leur petit-fils pour qu'il ramasse son masque de plongée... Ce n'est pas la foule estivale mais il y a déjà du monde pour un mardi 15 juin !

Nous revenons au camping en achetant de la bière sur le chemin (pour la récupération, voilà), et prenons une douche très chaude - en plus, pour la peine elle est écolo : on peut voir les chauffe-eaux solaires sur le toit. Le temps de se préparer un sac de provisions, d'enfourcher nos vélos, et nous retournons sur le chemin de la plage pour manger sur une table de pique nique en forêt mais encore au soleil. La soirée est douce, sans trop de moustiques. Nous rentrons au moment de la mi-temps du match France-Allemagne : difficile de connaître le score, nous n'avons pas vraiment envie de consommer au bar du camping qui diffuse le match ce soir. L'animateur essaie de ne pas faire retomber l'ambiance, et pose une question à l'assistance : quel club français est le plus titré du championat de France ?... Je connais la réponse, ou plutôt disons que ça sort tout seul, réflexe en quelque sorte, merci Philippe et Bao pour cette culture footballistique : St Etienne. Et en plus, j'ai bon ! Bon, au final ça ne sert pas à grand chose, on va plutôt aller se coucher - ou alors non, l'eau est-elle toujours aussi chaude ?... Oui ! Ce camping se voit décerner un double label flomard :-)

Avant de s'endormir, on entend une clameur qui nous fait penser que la France a sans doute marqué un but. Ou pas. On ne saura pas ce soir. Zzzz.

Les stats !

> Étape Le Verdon sur Mer - Ile d'Oléron (Le Grand Village) 
> À vélo : 71 km en 4h41 (soit 15,2 km/h) 
> Camping Paradis - Les Pins 
> On aime : l'eau bien chaude labelisée flomard (deux fois !), la situation près d'un super U et de la plage, la piscine naturelle 
> On regrette : peu d'emplacements bien plats, l'absence de PQ
lundi 14 juin 2021, 21:17

Vélodyssée - au bout du bout

Aujourd'hui il s'agit de finir la remontée vers le nord, au plus près du bac pour Royan prévu pour le lendemain. Malgré une bonne nuit, nous ne sommes pas très efficaces ce matin au pliage, et chauffer du café pour nous réveiller finit de nous mettre dedans : il est bien tard quand nous sommes prêts à partir. La piste est juste devant le camping : le temps de déposer les poubelles aux ordures et dans les bacs verre ou recyclage, et c'est parti ! Le goudron serpente dans une forêt de pins vallonnée, puis cède rapidement la place à une piste en gravillons (GRAVEEEEL !) blancs sans aucun arbre pour faire de l'ombre... et c'est là qu'Antoine a une illumination : LA GOURDE ! Il manque la gourde métal. Elle est restée à notre emplacement... demi-tour ! Et hop, +10 km au compteur, à toute berzingue - enfin, moi j'y vais un peu plus molo, et je le retrouve à la sortie du camping.

Alors, cette fois-ci, c'est parti ? Oui. Sur le même tronçon, on croise deux marcheurs avec gros sacs à dos - l'homme me fait signe et je pile... Oups, j'ai oublié de prévenir, heureusement Antoine freine encore plus fort que moi et m'évite de peu, on frôle la catastrophe. Les deux font Compostelle depuis La Rochelle, et voudraient des renseignement sur les campings à Lacanau... Ils comprennent bien vite qu'ils vont rencontrer avec la saison qui commence à poindre, le même genre de problèmes que nous : trouver des lieux où les itinérants sont bien accueillis.

Au niveau de Carcan Plage, nous jetons un bref coup d'oeil à la mer et au croisement suivant, hésitons deux secondes : la vélodyssée est indiquée comme contournant le lac d'Hourtin, alors que ma trace file droit vers le nord. Après vérification, j'ai choisi la voie la plus courte, la vélodyssée « route ». Sur un tronçon de 18 km, nous nous retrouvons dans un no man's land : la route est fermée à la circulation, et nous longeons un territoire militaire... Aucun accès à une quelconque plage, aucune aire de pique nique, rien pour s'arrêter, walou.

C'est à Hourtin Plage qu'on peut enfin jeter à nouveau un oeil sur l'océan, et chercher une table à l'ombre dans le parking... La seule qu'on trouve est déjà préemptée par un couple de bobos surfeurs en van VW deluxe - ok, on a compris, on va plus loin... convivialité proche de zéro. Allez on ne va pas faire les ronchons, plus loin la table soit disant à l'ombre est déjà trop au mi-soleil, alors on s'installe par terre sur un paréo dans une zone garantie 100% ombre : parfait pour déjeuner, mais aussi pour une petite sieste. Nous serons réveillés par un cyclo sorti de nulle part, vêtu à la clodo (ou comme un gars parti il y a au moins 3 ans) et qui passe devant nous avec une remorque surchargée.

Les sanitaires du parking sont délabrés mais fonctionnels, ils sont même pourvus de robinets d'eau potable - la chance, par cette chaleur ! Nous voici repartis sur les routes landaises, version total nihilisme : une véloroute droite bosselée par endroits par les racines, des pins à droite, parfois des pins à gauche, et du soleil, du soleil, du soleil. Toujours pas d'accès aux plages, toujours rien pour s'arrêter. Rien.

À Montalivet-les-Bains, des campings qu'on imagine immenses et qui ne donnent pas envie s'enchaînent à la queue leu leu, tiens, l'un d'eux est naturiste, mais toujours rien. Dans la ville, nous perdons la trace, et lors de cette brève errance nous découvrons un vieux camp vacances Dassault... Le truc est vétuste et abandonné, personne n'a pris la peine de le démolir, alors qu'autour les lotissements construisent à tout va. Ah, la piste ! On est repartis : le dernier effort de la journée... 20 km interminables pour atteindre Soulac, avec, je vous le donne dans le mile, rien à voir jusque là. La plage est étrange, l'endroit me fait penser à une zone de guerre - c'est entre le bitume défoncé et l'ancien HLM bâti directement sur la dune et désormais toutes les portes et fenêtres évidées, prêt à être démoli. Vite, dirigeons-nous vers le centre bourg...

Ah, c'est plus amusant ici : des petites villas désuettes au charme balnéaire d'il y a un siècle... OSM, au secours, où est le supermarché le plus proche ?... Ce sera Lidl, avec un petit détour. Comme souvent quand on fait des courses en fin d'après-midi, j'ajoute une glace et on se trouve rapidement un coin tranquille où la déguster avant qu'elle ne fonde : ce sera juste à la sortie de Soulac.

Il ne reste plus qu'à rejoindre le camping « écologique » le Royannais. À première vue, nous n'avons pas vraiment vu l'implication écolo - mais comme il n'y avait personne à l'accueil, cela manquait sans doute d'explication. C'est une jeune femme espagnole qui nous a accueilli, de la peinture plein les mains et le pantallon - en l'absence des propriétaires, pas d'enregistrement de nouveaux clients ce soir, on pouvait s'installer mais il faudrait régulariser la situation le lendemain à 9h30. Cela nous arrangeait moyen, vu qu'à 9h demain je comptais être sur le bac pour Royan, mais bon... Ce soir nous n'avons vraiment pas envie de continuer à pédaler pour trouver un autre camping au dernier moment... Tout de même, l'état général du camping donne une furieuse impression d'abandon : la piscine est vide, une bétonnière attend près d'un barbecue en ciment, des planches de bois attendent là de devenir prochainement une terrasse... Est-ce que les sanitaires sont ouverts ? On peut prendre une douche, n'est-ce pas ? Oui !? Alors : deal.

On plante la tente, on va pour prendre une douche, et là, c'est fou : le bloc sanitaire est en ouaille complète... des feuilles mortes, pas de lumière, des objets entassés qui seraient bien mieux à la déchetterie... Les douches, pas d'eau, bien sûr ! Incompréhension. On retourne voir l'espagnole, qui blêmit malgré son bronzage. Elle nous accompagne et... nous indique une porte à l'autre bout du bloc, où se trouvent les douches en fonctionnement. Ouf ! On peut prendre une douche. Tiède. Un autre résident du camping dira même : « mais l'eau est froide !?! ». Évidemment, pas de PQ dans les toilettes. Mais un affichage nous informe que si elles semblent sales, c'est pas qu'elles sont sales, mais qu'elles sont à l'eau non chlorée. Allez, un avantage quand même : dans la laverie, une prise électrique permet d'y brancher le portable pour le recharger. Et un autre : une terrasse couverte avec des tables en bois où dîner assis.

En chemin pour aller se dégourdir les jambes dans les environs, nous recroisons l'espagnole, toujours les mains pleine de tambouille terreuse et en train d'essayer d'en coller sur un poteau du bâtiment de l'accueil. Vu comment elle manipule ça sans protection, je lui demande si elle fait de la terre-argile... mais non, il y a de la chaux dans son mélange ! Et nous voilà à parler technique... car elle fait des essais pour redécorer le mur d'enceinte de la piscine. Peine perdue à notre sens, car le mur semble en bon béton, et l'accroche ne sera pas facile - voire pas possible. Surtout qu'elle ne semble pas maîtriser les quelques termes techniques du métier : le retrait, le gobetis, le type de chaux, les fines, ... elle ne semble pas non plus bien équipée. Je lui envoie un lien sur Tiez Breizh, et on lui donne quelques mots clés...

La petite balade nous amène sur les dunes à l'approche de l'heure de coucher du soleil. À vrai dire, nous ne tardons pas nous non plus !

Une belle plante sur la dune

Coucher de soleil

Les stats !

> Étape Lacanau-Océan - Le Verdon sur Mer  
> À vélo : 92 km en 5h16 (soit 17,5 km/h) 
> Camping Le Royannais
> On aime : une espagnole sympa qui fait des travaux dans le camping 
> On regrette : l'eau tiède des douches, l'absence de PQ, le camping pas prêt du tout à accueillir les vacanciers
dimanche 13 juin 2021, 21:17

Vélodyssée - La sortie du dimanche

La semaine dernière, Vincent m'avait suggéré de ne pas rejoindre la baie d'Arcachon par le sud, mais de partir directement vers Lacanau en suivant une cyclable. C'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde, surtout avec cette chaleur, et nous nous sommes décidés à revoir la trace GPX du jour : exit les presque 100 km prévus pour recoller l'EuroVélo là où nous l'avions laissée vendredi, et place à un direct vers Lacanau. Le plus délicat : rejoindre la cyclable. Finalement, cela s'est fait plutôt facilement, avec un tracé pas glamour qui longe des voies rapides et passantes bien qu'on soit dimanche, mais heureusement protégé à 90% sur pistes cyclables séparées des véhicules motorisés.

C'est à Saint-Médard-en-Jalles que nous faisons la jonction avec la piste de la journée. Nous la suivons quelques kilomètres avant de prendre une pause, grignotter, et décider qu'après tout, il est sans doute encore assez tôt ce dimanche matin pour trouver un commerce ouvert et ajouter quelques extras au pudding cuisiné pour nous par Vincent (très bien d'ailleurs, le pudding, encore un truc à caler un ventre de sportif !). Marche arrière, nous revenons sur nos pas sur quelques kilomètres pour trouver peut-être un Lidl... non, un Aldi, et repartir avec de quoi tenir jusqu'au lendemain matin - cela s'avèrera un choix judicieux.

Il fait très chaud aujourd'hui, mais nous croisons et dépassons quelques véloteurs du dimanche, certains en mode route et rapides, d'autres en mode détendu et balade. Nous prenons la pause déjeuner à Salaunes, où une aire bien équipée et ombragée nous accueille et fournit même l'eau fraîche. Une seconde pause s'impose dans l'après-midi à Saumos, heureusement un second point d'eau permet de se désaltérer - nous ne sommes pas seuls à tourner autour du point d'eau : tout le monde a chaud. Plus qu'une dizaine de kilomètres et nous sommes à Lacanau, côté lac : le port est mignon, nous prenons une pause sucre sur un banc. Les quinze kilomètres suivants nous semblent par contre interminables : il est grand temps d'arriver ! Les vélos se multiplient, des vieux en électrique nous doublent sans forcer ni nous adresser la parole, le cul vissé bien droit sur leur selle, alors que les gamins et les ados sont souriants, polis et nous disent spontanément bonjour. Sur les routes autour de nous, les voitures bouchonnent pour rentrer à la ville... ambiance de fin de week end.

À presque 18h et bien fatigués, nous arrivons au « Camping & Spa Airotel l'Océan » - rien que le nom est tout un programme. Face à la réception, un Spar - chouette, cela signifie « bières pour la soirée ». À la réception, nous gagnons notre 3e bracelet « village vacances », un vrai bonheur - nous aimerions en avoir eu un à chaque étape pour finir le parcours avec 15 bracelets accrochés au poignet, comme autant de trophées ! Par contre, on me dit que la piscine ferme à 18h30... ARGH. Sitôt payé, nous garons nos vélos et les cadenassons directement au n° de l'emplacement qu'on nous a attribué dans une zone visiblement réservée aux tentes (avec vue sur cimetière !), sortons les maillots de bain du paquetage et filons vers la piscine. Surprise (ou demi-surprise), les mesures débiles du COVID sont passées par là : les vestiaires sont fermés. Comme d'autres, nous nous changeons donc dans les toilettes... et zou, à l'eau dans une piscine . Nous avons à peine eu le temps de faire un tour du « lagon » et du « parcours rivière » que le maître-nageur - qui regardait impatiemment sa montre toutes les 10 secondes, alors on l'a vu venir - a siflé trois fois la fin des festivités... et hop, tout le monde dehors ! Baignade de 3 minutes montre en main... un peu court, mais suffisant pour redescendre en température.

Suite à quoi nous avons repris nos habitudes : montage de la tente, installation des matelas, sacoches sous le double toit... Une douche (tiède) plus loin, propres et un snack salé en poche, nous sommes entrés juste à temps à la supérette avant qu'elle ne ferme. « Je crois que nous sommes vos derniers clients !

  • ah, j'aime bien quand j'en suis aux derniers...
  • c'est pour ça qu'on vient en dernier, comme ça vous nous aimez bien direct ! »
    Du coup on a taillé la bavette avec la caissière. En l'absence de toute aire pique-nique dans le camping - pensé exclusivement pour les pétro-nomades qui débarquent avec tout l'attirail, tables, chaises, réchaud et tout -, nous avons déniché une table dans le parking juste en face sur les conseils de la réception... Après un apéro bière, nous avons poussé jusqu'à la plage, puis longé tout le front de mer de Lacanau-Océan, dans l'espoir de manger un fish and chips - mais soit les restos étaient bondés avec file d'attente, soit l'ambiance sonore gueularde nous ont poussé à passer notre chemin jusqu'à finalement se retrouver à nouveau... au camping. Heureusement, nous n'étions pas dépourvu : nous avons même cuisiné à coup de gel réchaud-fondue, pour une salade à base de semoule et raisins secs. Comme quoi, c'est toujours utile d'avoir de quoi ne pas mourrir de faim...

Nous sommes ensuite retournés à la plage, d'où le soleil avait déjà disparu. L'ambiance avait changé : une lumière crépusculaire, la fraîcheur humide de la brume, plus que deux surfeurs dans l'eau, un couple endormi sur le sable, et quelques retardataires en train de quitter la plage...

Coucher de soleil à Lacanau-Océan

Et sinon, impossible de charger son portable dans le bloc sanitaire : pas une seule prise aux lavabos, et celles qui semblent accessibles dans l'espace publique sont disjonctées. Heureusement, il me reste assez de batterie pour tenir le lendemain...

Les stats !

> Étape Pessac - Lacanau-Océan 
> À vélo : 75 km en 4h20 (soit 17,3 km/h) 
> Camping & Spa Airotel l'Océan
> On aime : le bracelet club vacances, la supérette à l'entrée du camping, le gardien la nuit 
> On regrette : la piscine qui ferme trop tôt, pas de prise électrique dans les sanitaires, 4 étoiles mais toujours pas de PQ, ...
samedi 12 juin 2021, 21:17

Vélodyssée - record de vitesse

Dormir dans un bon lit nous fait se lever plus tard, c'est connu ! C'est vers 9h qu'on émerge pour prendre un café avec la maman de Nath. La matinée passe tranquillement, papotte, café, croissants, vient le déjeuner, il fait chaud, le vélo attendra, miam, dessert glacé... C'est avec 2h de retard sur le planning, c'est-à-dire vers 16h, qu'on décolle finalement - car toutes les bonnes choses ont une fin ! Et puis le planning, hein... aujourd'hui, on s'en fout un peu.

Il fait donc grand soleil, grosse chaleur, et nous avons 40 km à parcourir sur tout sauf une vélo-route - en un mot : sur la route, puis en balnlieue bordelaise. Nous avons appuyé un peu sur les pédales, avons retrouvé des cyclables séparées de la circulation à partir de Cestas, et sommes arrivés à 18h18 (soyons précis) chez Vincent - ce qui en fait certes la plus courte étape, mais aussi une étape record de vitesse !

À nouveau, soirée grand luxe : apéro caïpirinha, et méga barbecue en plat - guéz, chipos et lard... il est possible que nous n'ayons pas fait assez de vélo pour mériter tout ça ! ;-)

Les stats !

> Étape Arbanats - Pessac 
> À vélo : 40,6 km en 2h18 (soit 17,7 km/h) 
> Chez Vincent
vendredi 11 juin 2021, 21:17

Vélodyssée - un extra bien sympa

Réveil vers 7h, le soleil est déjà haut, et nos voisins bretons sont déjà en train de plier. Ils partiront une demi-heure avant nous - mais on les soupçonne de petit-déjeuner sur le chemin ! En moyenne, il nous faut une heure pour tout remballer - une performance qui varie beaucoup en fonction de la météo de la nuit et du moment (une tente mouillée ou une tente sèche... ce n'est pas la même histoire pour la plier), de notre état de fatigue (même en se couchant comme les poules, avons-nous assez récupéré ?...), et de notre motivation (ou des contraintes horaires qui obligent une organisation plus minutieuse... diziplin !). Le dernier jour, en 40 minutes nous étions parés (sans prendre le temps de manger). Mais exceptionnellement, nous avons mis beaucoup plus de temps... surtout les jours où l'on se prépare un petit café !

Ce matin, nous sommes cools. Pourtant, le temps de rejoindre la piste, et couac : elle est indiquée en travaux, barrée et interdite à la circulation. J'avise un cycliste qui en revient et l'interroge : d'après lui, certains tentent de passer malgré tout mais ce n'est pas une bonne idée. Il nous conseille d'endurer la départementale jusqu'à Belin-Béliet : là, une piste forestière à l'entrée du village devrait nous ramener à la piste cyclable. Alors c'est ce que nous avons fait : endurer. Sur cette D3 qui donne accès à l'autoroute A63, nous avons été dépassés par un nombre incalculable de camions énormes chargés de grumes... à chaque fois, il faut un brin de concentration pour faire abstraction des risques encourus et ne pas dévier des bandes blanches au sol... suivez les pointillés !

Retour sous la pinède

De retour sous le couvert des pins, hors de la circulation motorisée, la route se fait agréable. Les petites villes traversées - Belin, puis Joué et Hostens - invitent à faire une pause : OSMand signale une aire dans la dernière, alors nous y faisons un détour pour prendre la pause de la matinée... puis finalement y trouver une boulangerie, et au final y faire aussi notre pause déjeuner ! En effet, les lacs tout proches sont aménagés en une base de loisirs à la fois nature et équipée - tables et eau fraîche à disposition... le rêve. Nous mettons à sécher Hubba - la proximité des zones humides nous a obligés à la plier mouillée ce matin -, puis déjeunons tout en regardant un groupe de jeunes faire une course d'orientation, du canoé et même du paddle géant à 10 par planche... Ils ont l'air fit et volontaires, ça fait plaisir à voir !

Nous retournons ensuite un peu en arrière, pour prendre une autre piste cyclable qui remonte plein nord par Saint-Magne et jusqu'à La Brède : ce soir, nous avons rendez-vous chez Cyril, à Arbanats. La chaleur est écrasante, et nous sommes en avance : nous prenons une pause suplémentaire à Villagrains, près de l'ancienne gare. Antoine part se promener pendant que je roupille à moitié près des vélos. Deux vieux débarquent alors en vélo : un papi de 93 ans, chaussé de ses pantoufles, et sans doute son fils, retraité et à qui il manque presque toutes ses dents. Ils prennent la pause et papottent avec moi, ils sont sympa et marrants, surtout papi dont les yeux pétillent ! Ils repartent, Antoine revient : il a trouvé un cimetière à moitié enlisé par le sable...

À l'abandon

Anciennes croix

Ensablé

Si avec ça on ne comprend pas que tout redevient poussière... et qu'il faut profiter de l'instant présent !? Alors, continuons notre périple : à nouveau, la piste court tout droit vers la Brède, et se termine sur un parc où nous prenons une nouvelle pause. À partir de maintenant, nous allons naviguer avec une trace GPX maison : rejoindre Saint-Sèlve, passer par des pistes forestières, déboucher sur des maisons de facture pitoyable, situées juste à côté d'une décharge et d'une carrière, et attribuées à des gens du voyage qui auraient préféré voyager un peu plus loin... Finalement, nous arrivons un peu avant 18h, et là, c'est du bonheur : il n'y a plus qu'à se laisser chouchouter - douche, apéro dinatoire, papotte, ... une vraie bonne soirée entre amis et tout confort - ça fait un bien fou !

Les stats !

> Étape Salles - Arbanats  
> À vélo : 72 km en 4h18 (soit 16,7 km/h) 
> Chez Cyril et Nath
jeudi 10 juin 2021, 21:08

Vélodyssée - La baie

Après une telle étape, le moral est au plus haut pour attaquer une journée de vélo tourisme : la baie d'Arcachon, partie sud. Cela commence par une petite côte - histoire de ne pas oublier que la dune est encore toute proche ! Puis nous lâchons l'eurovélo pour suivre une piste locale qui suit le front de mer (très réussi dans la ville, avec vue sur la pelouse bien verte et la promenade des piétons), sinon nous n'aurions pas vu grand chose de la baie... En chemin, la jetée de la chapelle attire notre attention et nous offre un beau panorama.

Jetée de la chapelle

Jetée de la chapelle

Avant de repiquer vers la vélodyssée, au niveau de l'Aiguillon, on croise un Lidl - décidément - où je trouve une énorme salade coleslaw, un yaourt liquide, et quelques autres trucs caloriques à base de gras sucré ou de gras salé. La piste locale passe alors à travers des prés salés tellement bien aménagés pour la promenade, que nous tentons un détour pour trouver une aire de pique-nique du côté de la baie - ce sera peine perdue, mais cela nous permet de revenir par une rue bordée d'un côté de mini restaurants de mareyeurs, et de l'autre par leurs bateaux posés indolents sur la boue limoneuse du chenal, en attente de la prochaine marée.

C'est charmant mais les huîtres c'est pas pour nous, et on a vraiment besoin de poser nos fesses ailleurs que sur une selle. Nous poussons un peu plus loin, la piste longe maintenant une voie très passante qui nous fait passer au-dessus du chemin de fer - et hop, une petite côte - et au rond point suivant, nous repérons un mini parc de ville un peu moisi mais qui nous offre un banc à l'ombre. Pas glamour, mais suffisant dans notre état : déjeuner avec vue sur l'avenue Charles de Gaule. Cela ne nous empêche pas d'apprécier la fraîcheur des produits sortis tout récemment des frigos (un luxe qu'on avait oublié) et le bon goût des fraises Cléry en dessert - on claque la barquette de 500 g en un temps record.

Nous reprenons la route en suivant la même avenue, puis la piste locale s'en éloigne pour traverser un espace vert, et déboucher sur... des toilettes publiques : bonheur. Cependant, la piste est barrée par d'imposants travaux. J'en discute avec un vieux monsieur qui promène son chien, il nous conseille de reprendre la grosse avenue jusqu'au 4e rond point où nous pourrons alors suivre la route des lacs et retrouver l'eurovélo. Ses indications étaient justes, et nous retrouvons la trace : elle serpente de zones boisées en zones résidentielles. À la sortie du Teich, ma trace indique que nous devons remonter plein nord, mais la piste qui descend plein sud nous fait envie - histoire de sortir plus vite de cette zone d'habitation trop dense. Après une rapide confirmation sur OSMand, nous nous engageons sur la route de Balanos, qui nous fait longer le lac de l'Escarret. La piste s'arrête là, mais ce n'est pas un problème : la petite route qui nous ramène vers Mios n'est pas très courue. Nous prenons une pause sur un banc installé à un carrefour du Petit Caudos. Sur le panneau d'affichage, le compte-rendu des réunions municipales nous apprend que le budget aloué à la réfection des routes ne permet pas de les remettre en état : elles se dégradent plus vite qu'elles ne sont réparées, au grand dam des habitants - il faut dire qu'effectivement, l'état de délabrement des routes ne correspond pas au standing des grandes maisons bien proprettes et aux jardins bien entretenus du coin.

À Mios nous rejoignons non plus la vélodyssée, mais une portion du « tour de la Gironde » qui suit une ancienne voie ferrée. Pour ce soir, nous faisons halte sur ce chemin, à Salles. Nous traversons le centre du village à vélo, puis l'Eyre et arrivons au camping Parc du Val de l'Eyre. L'accueil est sympa, et quand je demande s'il y a une table de pique-nique pour grignoter ce soir, on me propose même de nous amener une table et des chaises là où nous aurons planté la tente ! Nous allons donc choisir notre emplacement : il fait chaud, alors nous plantons sous l'ombre d'un arbre, pas très loin d'une autre tente accompagnée de deux vélos et d'un fil où sèche plusieurs linges... Les paris vont bon train pour savoir qui sont ces randonneurs en fonction de leur équipement - sacoches à fleurs d'un côté, c'est un couple. Tente quechua, ils ne sont pas VUL ! Bouteilles plastiques recouvertes de film isolant multicouche, du scotch et des colliers de serrage pour maintenir les porte-bidons sur les fourches avant, ce sont des débrouillards ! Ils nous plaisent déjà.

En attendant, nous plantons la tente, prenons une douche (tiède), et partons faire un tour dans le village : après l'avoir parcouru dans tous les sens, nous trouvons enfin un bar avec terrasse où boire une bière. Sur le chemin du retour, à 100 m du camping, nous trouvons au carrefour market de quoi manger ce soir et au petit déj - il ne reste plus qu'à glisser les pieds sous notre table. C'est alors que nous rencontrons, assis sur des nattes de plage, nos voisins de retour eux ausi à leur emplacement. Bretons (ça on savait grâce aux autocollants 56 placardés sur leurs garde-boues), jeunes retraités actifs, installés à Josselin, ils sont partis en vadrouille depuis que c'est autorisé : dès le 5 mai ! via la Loire et la ViaRhôna, sont descendus en Espagne par la V8 (une forte pente caillasse, « ça ne rigole pas là bas »), et ont rebouclé par le canal du midi (la route est défoncée, « on faisait moins de 40 km par jour, un enfer » - je note !), et remontent maintenant par l'ouest jusque chez eux. Ça c'est du tour ! Ils font une centaine de kilomètres par jour... le long des canaux, cela nous semble accessible. Ailleurs... bravo !

Après dîner, difficile de rester longtemps dehors : ce camping de pêcheurs est entouré de pièces d'eau, et les moustiques ont tôt fait de vouloir nous bouffer tout crus. J'en écrase un, mais le score est déjà de 3-1 en leur faveur... c'est le moment de se glisser sous la moustiquaire de la tente. Nous les entendrons tourner autour de nous toute la nuit - sans qu'ils puissent nous atteindre.

Les stats !

> Étape Dune du Pilat - Salles 
> À vélo : 54 km en 3h43 (soit 14,5 km/h) 
> Camping Parc du Val de l'Eyre
> On aime : l'accueil génial avec prêt de table et chaises, le bar et les commerces à proximité, le PQ à l'entrée des toilettes 
> On regrette : les moustiques
mercredi 9 juin 2021, 21:12

Vélodyssée - Au summum

L'excellente soirée étape n'a pas réussi à effacer complètement les 90 km de la veille - nous nous levons ce matin un peu rouillés ! À l'accueil, nous discutons un peu de nos incompréhensions : un camping peut-il s'appeler camping s'il n'accepte pas les tentes ? Oui ! Reste-t-il encore quelques campings municipaux ? Quasiment aucun sur la zone, ils ont tous été placés en gérance - la faute peut-être aux normes qui deviennent de plus en plus complexes. La piscine est-elle un critère pour gagner des étoiles ? Non : elle est obligatoire pour obtenir la 5e, mais ne joue pas avant. Mais quels critères alors permettent d'obtenir les étoiles ?! Réponse : environ 250 !... Voilà pourquoi il est bien difficile de savoir la qualité d'un camping, et qu'on puisse trouver plus de services adaptés aux itinérants dans un 2 étoiles que dans un 4 étoiles... puisque vous n'avez aucun intérêt pour l'aire de jeux pour bambins, ni pour l'animation toutouyoutou du matin !

Nous voilà donc repartis. Trois kilomètres plus loin, qui croisons-nous sur notre chemin ?... La dame de l'accueil du camping, qui est venue en voiture nous intercepter : j'avais oublié de récupérer ma carte d'identité ! Si c'est pas de sens du service, je ne sais pas ce que c'est... Ce camping là, rien que pour l'accueil, je lui en mets 10, des étoiles !

La piste continue le long du lac, mais côté champs et pinèdes. Nous passons près de Parentis-en-Born sans rien en voir, puis la piste longe une départementale - un tronçon complètement sans intérêt, mais qui permet de rejoindre Biscarosse sans se faire renverser, c'est toujours ça. Dans la ville, c'est un jeu de piste : plutôt que de mettre les habituelles (et normées) pancartes vélo vert et blanc explicites, il faut suivre des petits carrés métalliques d'à peine 10 cm de côté et rivés au sol tous les deux mètres. Autant dire qu'on joue au petit poucet, et que les autres utilisateurs de l'espace public n'ont aucune idée que des véloteurs au long court risquent de passer par milliers dans le coin chaque été. En voilà une autre interrogation : pourquoi chaque agglomération gère-t-elle différemment les parcours cyclistes ?

Nous voici maintenant le long du canal transaquitain - c'est ombragé et agréable, quelques bancs et une table de pique-nique invitent clairement à prendre la pause de la matinée. Nous engloutissons quelques pâtes de fruits. Plus loin, nous longeons l'étang de Cazaux et Sanguinet - l'endroit est spacieux, mais les tables de pique-nique sont presque toutes au soleil ! Nous manquons notre chance, et quittons le lac sans avoir trouvé notre bonheur, alors que la chaleur de midi commence à entamer nos forces. C'est pas de bol, parce que la piste monte droit dans la côte : elle se transforme en montagnes russes dans la pinède ! Nous croisons beaucoup de cyclistes, et ceux équipés de « musculaires » n'ont pas l'air très frais. Pourtant, les descentes rafraîchissent (la dernière indique une pente à 10%), mais pas assez pour compenser l'effort des montées !... Nous devront même mettre pied à terre et pousser les vélos pour la pire d'entre elles (aucun panneau n'ose indiquer la pente). À cet instant, en sueur et complètement à bout, l'envie d'envoyer tout balader n'est pas loin... Heureusement, ce bucolique petit tronçon infernal de 5 km prend fin et débouche sur une aire de pique nique : sans hésitation aucune, c'est là qu'on s'arrête !

Biscarosse Plage

Après avoir déjeuné et roupillé (et pissé dans les bois), nouvelle pause à Biscarosse-Plage, toute proche. C'est moche et anonyme comme il faut, autant dire que nous ne sommes pas séduits par les stations balnéaires et que celle-ci est en bonne place pour remporter le prix parmi les pires. Nous posons les vélos et marchons un peu sur la balade du front de mer (ça c'est beau), puis remontons l'avenue de la Plage, où trois glaciers identiques (si ce n'est la couleur de la devanture) proposent les mêmes parfums aux prix identiques. Notre choix s'arrêtera finalement sur le 4e glacier identique situé tout au bout de l'avenue, dans une cahute qui rapelle la fête à neuneu. Ambiance ! La glace chocolat pimenté est malgré tout la bienvenue, et même bonne. Quelques courses rapides dans un petit Leclerc croisé sur notre route, et nous retrouvons la piste : encore 20 km avant d'arriver à la dune du Pilat. Les derniers kilomètres nous réservent deux belles côtes, que nous grimpons sans problèmes - l'effet glace ?

Le camping Yelloh Panorama du Pyla est une machine de guerre : immense, rempli de campers étrangers et avec piscine. Mais l'accueil y est cordial, le tarif correct, et en plus, c'est grand luxe : supérette à l'intérieur (hop hop, par ici les bières fraîches), et tenez vous bien, vue panoramique sur mer depuis notre emplacement ! Il porte décidément bien son nom. Après avoir déniché un petit emplacement encadré de haies et planté la tente, nous descendons vers la dune - accès direct, s'il vous plaît - pour découvrir des dizaines de parapentes en train de s'élancer... d'ailleurs, de nombreux campeurs ne semblent là que pour venir pratiquer sur ce spot.

Parapentes à la dune du Pilat

Le camping est situé sur la dune, juste avant la partie la plus haute où les visiteurs montent : c'est un accès idéal pour les parapenteurs, qui justifie sa fréquentation. Quant à moi, je descends jusqu'à l'océan, histoire de me baigner un peu dans l'eau glacée - hey oui, malgré la chaleur ce n'est pas encore l'été ! Le temps de sécher, et il faut tout remonter - après une journée de vélo, c'est une bonne expérience maso ! Une douche bien chaude (labelisée flomard) permet de s'en remettre. Surprise, nous avons maintenant des voisins : sur la partie accessible de notre emplacement, un camper allemand s'est installé. Après tout, c'est eux les plus dérangés : nous passerons devant eux quelques fois ce soir.

La tente et les vélos

Grand luxe, la suite : dîner en terrasse face à l'océan - grâce à quelques bancs qui permettent d'admirer le panorama depuis le camping... un parapentiste retardataire décolera même de cette petite plateforme, juste derrière nous ! Au menu ce soir, taboulé maison - pour cuire la semoule, nous avons réduit le stove à sa plus simple expression (seulement ce qui reste de la boîte de conserve de thon placée en haut), et utilisons, tout comme en Bretagne mais pour d'autres raisons (bois mouillé vs feux de bois interdits...), des recharges de combustible en gel pour poellon à fondue (importés directement de la Migros de Valorbe). On ne se refuse rien !

Après une dernière balade, nous ne manquons rien ce soir du coucher de soleil sur l'océan... Vraiment un bel endroit pour qui a des jambes !

Coucher de soleil

Les stats !

> Étape Ste Eulalie en Born - Dune du Pilat 
> À vélo : 63 km en 4h19 (soit 14,6 km/h) 
> Camping Panorama du Pyla 
> On aime : les haies, l'accès direct à la dune et la plage, les bancs avec vue de ouf, l'eau chaude (label flomard) 
> On regrette : rien !!!
mardi 8 juin 2021, 21:17

Vélodyssée - Surprise du soir

Depuis hier soir, nous sommes dans une zone de vacances de mini-Flo : nous sommes quelques fois aux vacances de Pâques venus en famille dans un village vacances près de Léon. J'en ai des souvenirs de pinèdes, d'accent toulousain, et de chutes à vélo - dont une particulièrement mémorable dans la forêt avec papa sur le retour de Moliets, justement, et l'autre sur des gravillons près de l'église de Léon.

Léon, nous y passons ! Nous y trouvons même un petit marché, l'occasion d'acheter pour ce midi du pain frais et de la charcuterie basque. Nous y recroisons la famille bivouac, les gamines débordantes d'énergie ont visiblement très bien récupéré de leur étape de la veille - bien mieux que les parents ! La piste contourne le lac de Léon, qu'on ne verra pas - avant de repiquer vers le littoral. C'est parti pour une remontée vers le nord sans rien d'autre à voir que des pins, et parfois un accès à une plage. Nous faisons halte à celle de Saint Girons, où les dernières bicoques, construites sur la dune, donnent l'impression de s'enfoncer dans le sable. L'ambiance générale en cette période de pré-saison fait penser à un village abandonné depuis bien longtemps...

Les vélos en pause

Puis arrêt à celle du Cap de L'Homy dont l'accès se résume à un immense parking placé directement sur la dune. L'endroit offre cependant une belle aire de pique-nique abritée du soleil par des pins : c'est là que nous prenons la pause déjeuner et remontons Hubba : ce matin, nous l'avons repliée encore mouillée par la condensation nocturne, or il n'est pas question de laisser moisir notre tente chérie dans son jus !

À proximité de Mimizan - très exactement à la plage de l'Especier - Antoine me signale que mon bermuda est déchiré... pas classe ! Comme nous voyageons ultra-léger, je n'ai pas prévu d'autre tenue pour pédaler. Une petite recherche sur internet nous indique un Lidl à Aureilhan : nous ferons donc un détour pour tenter d'y trouver un pantalon en lin pas cher et à ma taille. Il faudra un peu de chance, car ils étaient en vente la semaine précédente, il s'agit donc de parier sur les invendus... Nous nous éloignons de la trace GPX pour suivre une piste cyclable locale. Après être passés près d'une usine à papier où d'immenses tas de sciure attendent d'être transformés, et de quelques autres activités industrieuses situées dans des zones peu hospitalières pour les vélos touristes, nous voici enfin chez Lidl - ce qui nous donne l'idée d'un nouveau périple : le tour des Lidl de France ! J'en ressors en tout cas avec de quoi manger, et BANCO : le pantallon, effectivement invendu et soldé à 7 €. Il ne restait que celui-là et un 44.

Reste maintenant à rejoindre le camping. Celui que j'avais choisi est un peu dans la pampa, mais c'était un moindre mal par rapport à ceux situés sur l'océan, et ceux sur le lac de Ste Eulalie, qui auraient allongé un peu trop l'étape. Après une dizaine de km pédalés à un rythme soutenu, nous voici donc au camping Las Chancas. Indiqué ouvert à l'année sur leur site web, et « campable », je ne les ai sans doute pas appelés - erreur ! Nous arrivons à 18h30, juste à la fermeture de l'accueil, mais un n° de téléphone est indiqué. J'appelle, ça sonne, et à ce moment une femme arrive en voiture près de la barrière : c'est elle que j'appelle ! Elle nous indique cependant que les tentes ne sont pas acceptées... Ils ont fermé les blocs... sanitaires pour cause de crise... sanitaire en 2020, et ne les ont pas rouverts. L'excuse est un peu limite - vu que tous les autres campings proposent des blocs sanitaires, mais voilà : maintenant, ils ne font que louer des mobil homes et des chalets. Vous dépenserez bien 70 € pour un mobil home, non ?

Non, et d'ailleurs nous sommes un tantinet fatigués - à ce niveau de fatigue là où j'ai tendance à devenir moins polie : Las Chancas, qu'ils aillent se faire voir. Il nous faut donc d'urgence un plan B et OSMand va nous le trouver fissa. Vu l'heure tardive, j'appelle le camping suivant pour sécuriser notre arrivée : nous visons le camping municipal de Ste Eulalie en Born, situé exactement sur le tracé de l'EuroVélo. Au téléphone, l'accueil est charmant, et on nous propose gentiment de nous installer même en leur absence et de régler le lendemain matin. Nous voici repartis pour 10 km de vélos... pédalés à vitesse éclair, malgré la fatigue. Nous arrivons ric rac pour croiser la gérante, qui est en train de fermer le bureau : à défaut d'inscription, je lui remets ma carte d'identité comme garantie. Il ne reste plus qu'à s'installer où on veut dans le camping : ce sera pas trop loin du bloc sanitaire, près d'un jeune artiste peintre qui dort dans un partner aménagé, et d'un vieux couple dans une caravane vintage du même âge. Un peu plus loin, un cyclo a planté sa tente Vaude et fait sécher sa serviette sur son vélo... L'ambiance est détendue, il y a de la place et des arbres, tout est cool.

Le temps de planter la tente, et nous filons au resto-bar du camping pour siroter un bière - c'est contre les crampes, et c'est bon pour la récup... m'enfin, c'est ce qu'on dit. :-) Nous enchaînons par un pique-nique au soleil du soir près du lac : une aire située à 50 m du camping nous permet de manger assis, tranquillous, détendus. Reste plus qu'à prendre une douche, charger un peu le téléphone aux prises des lavabos, et dodo.

Les stats !

> Étape Moliets - Ste Eulalie en Born 
> À vélo : 90 km en 5h40 (soit 16 km/h)
> Camping Municipal de Ste Eulalie en Borne 
> On aime : l'excellent accueil, l'emplacement près de l'EuroVélo, le resto bar, les tables de pique-nique près du lac, le calme, les arbres 
> On regrette : l'eau tiède des douches, l'absence de PQ